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Gilles Laval – Talking

Access to the texts associated with Gilles Laval:

A. Gunkanjima by Noemi Lefebvre : English translation
B. Edges – Gilles Laval : Lisières – English translation

Accéder aux textes originaux en français :

A. Gunkanjima : Gunkanjima
B. Réflexions sur quelques murs d’incompréhension entre pratiques musicales : texte original en français
C. Lisières – Gilles Laval : texte original en français

 


 

Extract from a Talk between Gilles Laval
and Jean-Charles François

Reflections on some walls of misunderstanding between musical practices

 

Gilles L. :

In a recent workshop that I conducted in an institution of higher education, I realized that there were problems I did not suspect at first. That is, after the students were given assignments, some misunderstanding occurred, which in my opinion is due to the fact that under the same words people do not hear the same things. And in this context, I also asked for an exercise that involved transcribing a recorded piece of music, but the listening varies according to the aesthetics of the world one comes from. We don’t use the same entries to listen and explain what we’re hearing.

Jean-Charles F. :

This means that people who are competent in their field of analysis or writing music are completely lost in the face of music that is foreign to them.

Gilles L. :
Yes, and this happened in several cases: someone who is somehow, let’s say, a specialist in writing music told me very sincerely that he didn’t have any clue to understand how to pick up a piece that was somewhat rhythmically complicated, because it was a sequence of rhythms that were a bit complex, and the instrumentation was a bass, drums, and guitar. And in fact he had no elements to begin to imagine a way to realize the assignment. And that was interesting, it opened up a constructive debate – which I hope will nourish his reflection a little – but in any case it was the opportunity to bring to him elements for understanding this.
Jean-Charles F. :

In a way it is the opposite of what Giacomo says: (see Encounter with Giacomo Spica Capobianco in the present edition) “when you go to a neighborhood where there is nothing left, it’s a no man’s land, there are only no law zones, even the cops don’t go there. You’re going to try to install things culturally, but there’s a gap that’s widened so much, such a big divide, that makes some people wonder why we come, they don’t see the point.” And you can turn the thing around a bit by saying: in a neighborhood with a classical music institution, everything is provided, it’s not a no man’s land, it’s just an area with full rights. But it’s basically the same problem: if things are introduced that are culturally unrecognized, there’s a gulf that has grown so wide, a fracture that is so great, that some people wonder why one comes there.

Gilles L. :
Yes absolutely, it’s interesting to mirror, the other access also seems impossible. Which for me is completely astonishing, because I dared to hope that in these places, openness and curiosity existed. But that doesn’t prevent them from being able to either shut themselves away or open themselves up to other practices. Because at the same time it is a reality for some but not for everyone. We can see that whether in deprived neighborhoods or in large institutions, fortunately there are people who are still able to realize that it is important to open up to others, who have the curiosity to find that there is an interesting issue at stake. We could say on both sides these attitudes also exist.

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Gilles Laval – Conversation

Accès aux textes liés à Gilles Laval :

A. Gunkanjima par Noemi Lefebvre : Gunkanjima
B. Lisières : contribution de Gilles Laval : Lisières

Access to the English translations:

Gunkanjima – English
B. Reflections on some walls of misunderstanding between musical practices : Gilles Laval – English
C. Edges – Gilles Laval : Lisières – English

 


 

Extrait d’une conversation entre Gilles Laval
et Jean-Charles François

Réflexions sur quelques murs d’incompréhension entre pratiques musicales

 

Gilles L. :
Dans un stage que j’ai réalisé récemment, dans une institution d’enseignement supérieur, j’ai dû faire face à des problèmes que je ne soupçonnais pas au début : c’est-à-dire que, après avoir mis les étudiants au travail, il y a eu une incompréhension qui à mon avis est dû au fait que sous les mêmes mots les gens n’entendent pas les mêmes choses. C’est-à-dire que, si je travaille avec des personnes avec qui j’ai l’habitude de travailler dans les musiques que je pratique, le message est clair et évident pour tout le monde, alors que si je rencontre des gens qui ont d’autres pratiques, ils vont entendre ce message ou cette consigne autrement. Et en plus, dans ce cadre–là, j’ai demandé un exercice où il était question d’un repiquage, même l’écoute, qu’on a selon les esthétiques du monde d’où l’on vient, n’est pas la même. On n’utilise pas les mêmes entrées pour écouter et expliquer ce qu’on est en train d’entendre.

Jean-Charles F. :
Cela veut dire que des gens compétents dans leur domaine d’analyse ou d’écriture sont complètement perdus en face de musiques qui leur sont étrangères.

Gilles L. :
Oui et ça, là, cela s’est produit dans plusieurs cas : quelqu’un qui est un peu, on va dire, spécialiste dans l’écriture m’a dit très sincèrement qu’il n’avait aucune clé pour comprendre comment relever un morceau somme toute un peu compliqué rythmiquement ; parce que c’était des enchaînements de rythmes un peu complexes, il y avait comme instrumentation une basse, une batterie et une guitare. En fait, il n’avait aucun élément pour pouvoir commencer à imaginer comment faire un relevé. Et ça c’était intéressant, cela a ouvert un débat constructif – qui j’espère nourrira un peu sa réflexion – mais en tout cas, c’était de lui proposer des éléments de compréhension de cela.

Jean-Charles F. :
En quelque sorte c’est le contraire de ce que raconte Giacomo (voir Entretien avec Giacomo Spica Capobianco dans la présente édition), c’est-à-dire il dit : « quand on va dans un quartier où il n’y a plus rien, c’est un no man’s land, il n’y a plus que des zones de non droit et tu vas essayer d’y installer des choses culturellement, mais il y a un fossé qui s’est tellement creusé, une fracture tellement grande, qui fait que certains se demandent pourquoi on vient. » Et on peut renverser un tout petit peu la chose en disant : dans un quartier, dans une institution classique disons, il y a tout, ce n’est pas un no man’s land, cela n’est qu’une zone de plein droit. Mais que c’est au fond le même problème, c’est-à-dire que si l’on introduit des choses culturellement qui ne sont pas reconnues, il y a un fossé qui s’est tellement creusé, une fracture tellement grande, que certains se demandent pourquoi on vient.

Gilles L. :
Oui tout à fait, c’est intéressant de mettre en miroir, l’autre accès semble également impossible. Ce qui pour moi est complètement étonnant, parce que j’osais espérer que dans ces lieux-là, l’ouverture d’esprit et la curiosité existait. Mais cela ne les empêche pas de pouvoir soit s’enfermer soit s’ouvrir à d’autres pratiques. Parce que, en même temps, c’est une réalité pour certains mais par pour tous. On voit bien, que ce soit dans les quartiers ou même dans les grandes institutions, heureusement qu’il y a des gens qui sont quand même capables de se dire que s’est important de s’ouvrir et qui se donnent les moyens de s’ouvrir vers l’autre, qui trouvent qu’il y a un enjeux qui est intéressant, une curiosité quoi. Et là effectivement on pourrait dire que des deux côtés cela existe aussi.

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Gilles Laval

Gilles Laval – Trois textes

A. Gunkanjima par Noémi Lefebvre

Texte publié dans la première édition 2016 de paalabres.org : Gunkanjima

Text published in the 2016 edition of paalabres.org : Gunkanjima – English translation

B. Extrait d’une conversation entre Gilles Laval et Jean-Charles François

Réflexions sur quelques murs d’incompréhension entre pratiques musicales : Conversation

Reflections on some walls of misunderstanding between musical practices : Gilles Laval – English

C. Lisières : contribution de Gilles Laval

Version en français Lisières – français

English translation : Edges – Gilles Laval – English