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Transversal

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Pour un
itinéraire-chant
vers…

La station « Transversal » est composée, d’une part, par un texte collectif élaboré par les membres de Paalabres sous la forme d’un cadavre exquis, chaque contribution étant présentée visuellement de manière différenciée; et, d’autre part, par trois échappées transversales : a)  un texte sur la notion d’hybride et les formes artistiques qui s’y rattachent; b) un texte  se référant à la créolisation du monde selon Edouard Glissant; et c) un texte se référant à l’idée de culture au pluriel, selon notamment Michel de Certeau.

 

Sommaire :

« Transversal » : collectif Paalabres
Hybride
Créolisation
Culture au pluriel


 

« Transversal » : collectif Paalabres

Voici un concept mou et difficile à saisir.
Si on remplace le v par un p, on aurait quelque chose qui transpercerait, aurait un impact phallocratique. Mais la transversale ne fait que traverser et on a du mal dans sa trajectoire à l’arrêter, et à mener une réflexion à son sujet.

Percer à jour par la traversée. Allers de travers.

Si on remplace le v par un f, on aurait le transfert (de capitaux ?), la transition vers l’inflexibilité du fer. Mais l’idée de transport (voyage, ébats amoureux ?) contenue dans « trans » va « vers » quelque chose d’indéterminé, dans une pérégrination liquide qui se verse dans quelque chose, se déverse, se renverse. On se laisserait porter par le trans-faire.

Dans les jeux de balles ou de ballon, « transversale » se dit d’une longue passe qui traverse la largeur du terrain et renverse le jeu. Alors, il faut être adroit, habile à l’envoi et la réception. Ceci implique non pas uniquement le destinataire de cette passe mais l’ensemble des participants. On ne considère jamais assez les choses et les gens qui rendent possibles des actions. N’oublions pas que toutes lucarnes de pénalités à 3 points sont les bienvenues, et pas sur la barre, s’il vous plaît !

Et si on commence par enlever le n… Les bruits, les images, les odeurs, les goûts, les contacts et les sens, ils traversent et à l’envers aussi, et puis se déversent et aussi à l’inverse, qu’on aille vers la transe ou pas.

— Vous avez dit trans, transverse et sale, versal, transversal ?

Attention, surtout ne pas remplacer le v par un grrrr de transgression agressive.

— Mon transversal, mais qu’est-ce qu’il a mon transversal ?

On évitera le « it » du transit intestinal, de la transition en sonate, de la transitoire des sonorités du domaine acoustique.

Est transversal tout ce qui coupe perpendiculairement l’axe longitudinal d’une chose de forme allongée. Et c’est très important! Par exemple, en topologie différentielle moderne, dont on rappellera que l’étude a été entreprise par René Thom sur des idées de Poincaré (Henri, le cousin de Raymond) et qui repose sur la notion de sous-variétés transverses. Bonsoir.

Certaines et certains vont même jusqu’à dire que des dislocations de l’écorce terrestre sont des failles transversales, foi de cnrtl !

Aller directement à quelque chose

Dans les pratiques musicales “en actes”, ne pas croire que les transactions financières en font partie.

Voir les synonymes de « transversal », il n’y a pas d’antonymes ?

La notion d’instabilité renvoie à quelque chose de vacillant, de fragile, en balance. Faudrait-il plutôt l’entendre comme « n’ayant jamais la forme attendue », « en route vers » etc.?
L’idée du transversal consiste à faire converger tous les termes de fragilité, balbutiement, tentatives, aller-et-retours, déplacements, migrations, transferts etc., vers une logique d’évolution solidement inexorable, propre au vivant des pratiques.

A quoi cela s’oppose ?
Dire que cela vient contre : souche, race, origine, pureté, péché originel, ADN…

Chien – La réalité n’est pas au-dessous de l’animal, même politique. Elle n’est pas autour, elle n’est pas à saisir, elle n’est pas un cadre, pas une finalité. La réalité se traverse. Écrire, vivre en général, c’est toujours à travers.

Transe vestale, trempée vespérale, entrant, ce verre sale…

Suivant qui le dit, vraie traversée réelle ou utilisation d’un langage institutionnel qui ne change rien.

« On arrive quelque part on ressort puis ça continue on ne sait pas où ça va, j’aime bien cette idée de musique qui est là, qu’on attrape à un moment donné, ça s’ouvre et puis ça se ferme et en fait la musique continue, ça laisse encore des traces. »

Disposé en travers

Tout serait assez clair, si au sein de chaque grande catégorie de pratique on était en présence d’une unité de comportements et d’esthétiques. Or, la diversité des modes de fonctionnement ne s’organise pas dans des frontières définissant des genres, mais s’expriment à l’intérieur même de chaque genre. Par exemple dans le monde du jazz, il y a des gens qui ne veulent fonctionner qu’avec des partitions écrites, et d’autres qui ont le projet d’insister au contraire sur les conditions d’une transmission orale. Dans le monde de la musique contemporaine, il y a peu de relations directes entre ceux qui écrivent des partitions, ceux qui improvisent, et ceux qui ont choisi de s’exprimer par des moyens électroacoustiques. Dans les musiques traditionnelles il y a ceux qui recherchent l’authenticité d’une pratique sociale perdue, et ceux qui veulent s’adapter aux conditions de notre vie en société. Dans les musiques amplifiées, il y a peu de points communs dans les manières de faire de ceux qui font de la techno, du hip hop, du rock, et ceux qui sont influencés par d’autres musiques. On peut dire que chaque jour, dans tous les domaines, un nouveau genre émerge.

Le transversal est toujours un transfert sale,
il oblige à des pratiques pas propres,
tu ne peux pas traverser sans te mouiller,
le travers, ça souille,
le travers souille (Travers ouille !)

Ça ne se passe pas toujours comme prévu, des fois ça passe, à travers, au travers…
mais des fois ça ne passe pas en travers, de travers.

La traversion, c’est l’aversion du travers : faut que ça file droit

Il y en a qui pensent qu’ils ne sont pas transversables les cons !

On peut envisager une musique du présent, d’un temps en train de se faire, qui nous oblige à rompre avec les habitudes de classements en courants, esthétiques, genres, influences culturelles, à refuser décidément l’identification aux cadres consensuels du déjà connu qui tendent à placer les artistes devant un paradoxe : il faudrait inventer dans la continuité, chercher des idées sans passer les limites, créer du neuf dans la ligne, du nouveau sans sortir du contexte organisé par les désignations, comme si ces désignations étaient là pour toujours, alors qu’elles sont elles-mêmes apparues, à un moment donné, pour faire sauter d’autres paradigmes, qualifier quelque chose que les classements anciens ne permettaient pas de saisir.

« Quand on réunit un groupe, on sait que ce sont des individualités. Chacun est capable de monter ses projets tout seul. L’équilibre est celui d’une co-construction, où qui se dit le chef n’est jamais qu’un menteur : chacun est à son endroit et on discute de plus en plus sur le détail. Ce sont des discussions musicales, dans les propositions, chacun prend la parole et peut intervenir. Ce sont toujours des choix communs. »

En transvers, de transverre, à transvert, au transvers

Décloisonner

« On arrive quelque part, on ressort, puis ça continue on ne sait pas ou ça va, j’aime bien cette idée d’une cuisine qui est là, qu’on attrape à un moment donné, ça s’ouvre et puis ça se ferme, et en fait, la cuisine continue, ça laisse encore des traces. »

Dans la conception du transversal, il serait aussi inapproprié de dire que telle ou telle création mêle des influences d’origines diverses, que d’être de quelque part ou de nulle part ; mieux vaut ne pas chercher une provenance ni une appartenance, il faut même renoncer à envisager une origine multiculturelle, ou une expression de la world music. L’origine d’une musique de la transversalité est ici, ailleurs ou partout : son origine est un projet, et l’origine du projet un désir de projet partagé par des musiciens qui apportent leur personnalité, leur énergie et leur imaginaire.

Si on l’utilise pour garder les cloisonnements et les silos sous prétexte de qualifications de quelques saupoudrages d’actions…

 


Contributions du collectif PaaLabRes — 2015

 


Trois échappées transversales :

Hybride
Créolisation
Culture au pluriel


 Pour un itinéraire-chant vers…