Transversal : créolisation


Une échappée transversale : créolisation

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Créolisation (selon Edouard Glissant) :

Edouard Glissant définit sa notion-clé de « créolisation » comme la confrontation d’éléments disparates appartenant à plusieurs cultures distinctes, ce qui est susceptible de créer des choses nouvelles complètement imprévisibles qui vont bien au-delà d’une juxtaposition culturelle ou même d’une synthèse négociée des divers éléments en présence.

Edouard Glissant précise sa pensée de la manière suivante :

« Le monde se créolise, c’est-à-dire que les cultures du monde mises en contact de manière foudroyante et absolument consciente aujourd’hui les unes avec les autres se changent en s’échangeant à travers des heurts irrémédiables, des guerres sans pitié, mais aussi des avancées de conscience et d’espoir qui permettent de dire – sans qu’on soit utopiste, ou plutôt , en acceptant de l’être – que les humanités aujourd’hui abandonnent difficilement quelque chose à quoi elles s’obstinaient depuis longtemps, à savoir que l’identité d’un être n’est valable et reconnaissable que si elle est exclusive de l’identité de tous les autres êtres possibles. »
(Introduction à une poétique du divers, Paris :Gallimard, 1996, p. 15)

Glissant utilise l’image de la « circularité », de la spirale, pour l’opposer à la « projection en flèche » de la colonisation (Introduction à la poétique du divers, p. 14). Pour lui, une trace mémorielle, comme celle reconstituée par les esclaves noirs des Amériques et « valable pour tous » s’oppose à la « pensée de systèmes » et « des systèmes de pensées » prétendument universels (p. 17). Il dit : « La trace suppose et porte non pas la pensée de l’être mais la divagation de l’existant » (p. 69). La créolisation selon lui ne peut se faire que si les éléments culturels en présence sont rigoureusement « équivalents en valeur », de façon à ce qu’un groupe culturel donné n’impose pas ses méthodes, pratiques et conceptions sur un autre. Il choisit le terme créolisation de préférence à métissage car, dit-il, « la créolisation est imprévisible alors qu’on pourrait calculer les effets du métissage » (p. 19). Il voit la créolisation comme un processus dynamique qui ne peut pas se décréter par avance, elle doit émerger d’un parcours, d’une traversée.

Contributions du collectif PaaLabRes — 2015

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