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Emmanuelle Pépin – Lionel Garcin (English)

Access to the French versions: French

 
 
 

SOUND – listening – GESTURE
in Improvisation

Emmanuelle Pépin, dance and texts,
Lionel Garcin, music

Cefedem AuRA, Lyon, January 24, 2023

 
 

On January 24, 2023, Emmanuelle Pépin and Lionel Garcin presented a lecture/performance at Cefedem AuRA in Lyon, “SOUND – listening – GESTURE in Improvisation”. In 2019, during encounters organized by the Centre Européen Pour l’Improvisation (CEPI European Center For Improvisation) in Valcivières (a village in Haute-Loire), Emmanuelle and Lionel had first presented the idea of a lecture/performance on the relationships between dance and music in improvisation. CEPI was created by the bass player Barre Phillips (1934-2024) to promote periodic encounters between artists involved in improvisation practices. These encounters were at first focused on music, but over time they increasingly welcomed dancers (and sometimes also poets and actors as well).
 
The Cefedem Auvergne-Rhône Alpes is a training center for teaching in music schools and conservatories created by the French Ministry of Culture in 1990. The lecture/performance was part of one of the initiatives developed in this institution, “And you, how do you do it?”, which consists of a performance by visiting artists, followed by a debate with the students aimed at explaining the means deployed to achieve the result observed/heard.
 
The lecture/performance at Cefedem was the second time that Emmanulle Pépin and Lionel Garcin attempted this experimental project of giving an account of research in an artistic act mixing written and improvised texts, along with dance and music. From this event, four documents have been produced for publication in the present PaaLabRes 4th Edition:

  1. The video of the lecture/performance: Video
  2. The text spoken during the lecture/performance: « Spoken » text
  3. The entire text by Emmanuelle Pépin that served as basis to the text spoken during the lecture/performance: SOUND – listening – GESTURE
  4. The transcription of the discussions with the students after the lecture/performance: After the lecture/performance

 

Emmanuelle Pépin is a improvisator-perfomer, researcher and teacher in the movement arts and music.
A long career as a performer, choreographer and teacher has led her to instant composition and performance art.
Associate artist of the artistic and educational development space 7Pépinière with Pierre Vion. See 7Pépinière
She remains nomadic at heart, and the world is her playground. She places the human being at the heart of her artistic and educational approach. She believes deeply in the beauty that each person can carry, and how the language of the body can reveal the being.

Lionel Garcin “is an improvising musician: Sound is his raw material, his clay, his marble block… The saxophone is his instrument. A wind instrument, supposedly. But he knows how to exploit all its sonic facets. The saxophone most often takes him to the jazz side of music; the sounds he draws from his instruments and his very particular rhythms would place him more on the side of the acoustic research dear to contemporary music.”
(J­M Lecarpentier)
See Le Grand Chahut.

Emmanuelle Pépin – Lionel Garcin

Access to ENGLISH

 
 
 

LE SON – l’écoute – LE GESTE
dans l’Improvisation

Emmanuelle Pépin, danse et textes,
Lionel Garcin, musique

Cefedem AuRA, Lyon, le 24 janvier 2023

 
 

Le 24 janvier 2023, Emmanuelle Pépin et Lionel Garcin ont présenté une conférence/performance au Cefedem AuRA à Lyon intitulée « LE SON – l’écoute – LE GESTE dans l’Improvisation ». En 2019, dans le cadre des rencontres du Centre Européen Pour l’Improvisation (CEPI) à Valcivières (village en Haute-Loire), Emmanuelle et Lionel avaient présenté pour la première fois l’idée d’une conférence/performance centrée sur les relations entre la danse et la musique dans l’improvisation. Le CEPI a été créé par le contrebassiste Barre Phillips (1934-2024) pour promouvoir des rencontres périodiques entre des personnes impliquées dans des pratiques d’improvisation ? Ces rencontres étaient surtout musicales au début, mais au fil du temps, elles ont accueilli aussi de plus en plus des artistes de la danse, de la poésie et du théâtre.
 
Le Cefedem Auvergne-Rhône Alpes est un centre de formation à l’enseignement dans les écoles de musique et conservatoires créé par le ministère de la Culture en 1990. La conférence/performance s’est déroulée dans un des dispositifs développés dans cette institution, « Et vous comment vous faites ? » qui consiste en une performance généralement donnée par des personnes extérieures invitées, suivie d’un débat avec les étudiantes et étudiants en vue d’expliciter les moyens mis en œuvre pour parvenir au résultat qu’on a pu observer/écouter.
 
La conférence/performance au Cefedem était la seconde fois qu’Emmanuelle Pépin et Lionel Garcin tentaient cet exercice expérimental de rendre compte de la recherche dans un acte artistique mêlant texte écrit et improvisé, danse et musique. Cet évènement à donné lieu à quatre documents que nous publions dans la quatrième édition de PaaLabRes :

  1. La vidéo de la conférence/performance: Vidéo
  2. Le texte qui a été prononcé lors de la conférence/performance : Texte « dit »
  3. Le texte complet d’Emmanuelle Pépin qui a servi de base à celui prononcé durant la conférence/performance : LE SON – l’écoute – LE GESTE
  4. La transcription des dialogues avec les étudiants après la conférence/performance : Dialogues

 

Emmanuelle Pépin est une improvisatrice-performeuse, chercheuse et pédagogue dans les arts du mouvements et de la musique.
Un long chemin en tant qu’interprète et un parcours de chorégraphe et de pédagogue, l’a guidé jusqu’à la composition instantanée et l’art de la performance.
Artiste associée de l’espace de développement artistique et pédagogique 7Pépinière avec Pierre Vion. Voir 7Pépinière
Elle reste nomade dans l’âme et le monde est son territoire de jeu. Elle place l’humain au centre de sa démarche artistique et pédagogique. Elle croit profondément en la beauté que peut porter chaque personne, et comment le langage du corps peut dévoiler l’être.

Lionel Garcin est un musicien improvisateur : « La matière sonore, c’est un peu sa matière première, sa glaise, son bloc de marbre… Son instrument, c’est le saxophone. Un instrument à vent, soi­ disant. Mais dont il sait exploiter toutes les facettes sonores. Certaines, parfois même assez inattendues… Le saxophone l’emmène le plus souvent sur le versant jazz de la musique; les sons qu’il tire de ses instruments et ses rythmiques si particulières le situeraient plutôt du côté des recherches acoustiques chères à la musique contemporaine. »
(J­M Lecarpentier). Voir Le Grand Chahut.

Texte « dit » de la conférence/performance d’Emanuelle Pépin

Acess to the Enlish translation « Spoken » text
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Texte « dit » de la conférence/performance
par Emmanuelle Pépin

 

LE SON – l’écoute – LE GESTE
Dans l’Improvisation
 
Emmanuelle Pépin, danse et textes, Lionel Garcin, musique
 
Cefedem AuRA, Lyon, le 24 janvier 2023
 

Transcription à partir de la vidéo de la conférence/performance :
Jean-Charles François.

 
 

Vidéo à 8’59”

Le son
Le geste
Danse et musique sont reliés indéniablement.
Plus précisément mouvement et son, ou plutôt musicien et danseur.
Chacun d’eux tire leur origine du corps, d’un corps conscient, d’un corps vivant.
Sons et mouvements jaillissent à partir d’un acte de présence, d’un acte d’écoute.
Tout est là, au creux de soi. À portée.
 
La danse crée du son, naît du son même – un lointain au-dedans de soi, souffle, un battement, un élan vital.
Le son vient d’un instrument qu’une personne joue, il provient du corps, d’un mouvement, le son est mouvement. Mouvement « résonnement » visible.
 
Dans une pièce improvisée, danse et musique jouent ensemble dans le même espace, l’espace invite, l’espace écoute.
 
Il est évident que des composantes comme le rythme, la durée, la texture, les hauteurs, volumes, notes, silence, mélodies, point d’attaque, contre-temps, impact, résonance, arrêt, saccade, pré-mouvement, énergie, pulsation, tempo, sources sonores, propagation, direction du don dans l’espace, partitions, scores, entrées-sorties, superpositions, entrelacements sont des éléments avec le danseur joue. Le musicien aussi.
Le musicien peut aussi accompagner le danseur, le danseur peut accompagner le musicien, musiciens et danseurs peuvent s’accompagner ensemble, ou pas.
 
Attention portée, avec ce regard d’enfant, sur les phénomènes.
 
Contemplation.
 
Qu’est-ce que le son change ?
Qu’est-ce que le geste change ?
Comment l’espace change ?
 
État des lieux.
Le lieu. L’architecture.
Dans le lieu.
 
Imaginaire.
Le temps des mouvements avec lesquels on joue…

 

Vidéo à 15’03”

La danse, c’est l’art du mouvement en silence
La musique, c’est l’art du silence en vibrations audibles
La danse est l’art sonore inaudible
La musique est l’art du mouvement sonore, de la modulation visible et audible en même temps
La danse est l’art du geste de l’écoute
La musique est l’art de l’écriture de l’écoute
La danse est la musique de l’élan intérieur
La musique est la voix de l’élan intérieur
La danse est la calligraphie de l’espace, dessinant et sculptant des paysages invisibles.
La musique est cette respiration large calligraphiant l’air, dansant avec lui, dessinant des paysages sonores et invisibles
La musique s’écrit dans l’espace elle le sculpte
 
La danse, en composition instantanée, c’est comme se laisser vivre par l’espace du vide
 
Danse et musique se situent là
           ensemble, ou plutôt en même temps
sans pour autant « jouer harmonieusement ensemble ».
 
Danse et musique, sons et mouvements, jouent ici de l’évidence
non rationnelle, intuitive, sensible,
imaginaire, poétique,
absurde
 

Vidéo à 19’06”

Le son touche l’espace
La peau est touchée par l’espace
Double mouvement
Toucher
Être touché en même temps
 
La vibration du son voyage dans l’air
La peau, membrane flexible, poreuse qui sépare le monde intérieur, qui le relie au monde extérieur
La peau écoute
reçoit
la température, la lumière, l’humeur
 
Le mouvement déplace l’air,
le frictionne, le traverse, s’appuie sur l’air
 
Le geste transforme l’espace
Le son transforme l’espace
Le son touche l’espace
La peau touche le son
Le son touche la voix
 
C’est physiologique
élasticité, intensité
 
Milliards de petits trous constituent ma peau
 
Dès lors que mon corps est touché
tout le reste est touché
Écouter par la peau est subtile, global, inhérent
Le danseur sait cela
le corps du danseur, le corps aussi du musicien
 

Vidéo à 23’12”

Couches superposées en termes d’espace,
L’écoute est changeante, les pensées bougent
la perception du son est bougée
 
C‘est évident
on n’écoute pas de la même manière
 
 
 
Ma peau écoute, mon oreille écoute
Entonnoir, en forme de spirale qui laisse passer les vibrations
Petits récipients …
En équilibre
ou en déséquilibre…
 
Souffles, battements, pulsations
Le corps à nu, le corps est son, vivant
 
Impact
 
Ligne de son
 
 

Vidéo à 26’10”

Le silence entre les sons
La durée des sons
La durée d’un geste
 
Cette temporalité
 
Sentir, saisir, construire,
déconstruire
imaginer, réinventer
 
Une poétique de l’instant
 
Être là
 
Sous nos yeux
 
Écoutons cet espace, écoutons cet espace sans bouger
assis, debout, dans l’immobilité
Écoutons le phénomène
 
Écoutons notre respiration
Nos battements
Écoutons nos rythmes au milieu des sons de l’espace tout autour
Écoutons l’espace en train d’écouter
Écoutons le tout comme une large partition de sons qui cohabitent ensemble
qui participent ensemble
Notre présence au cœur
 
L’improvisation est l’expérience de la découverte.
Nous découvrons la découverte en même temps que nous nous découvrons. L’improvisation est l’expérience du dévoilement.
 
Une embarquée
Un voyage, une écriture
 
Des migrations de mémoires-vivantielles qui nous deviennent, nous animent, nous ramènent l’ailleurs dans les tissus de nos corps, nous déshabillent et nous rhabillent.
Car n’est-il pas une mise à nue si nue que de se dépouiller de ce qui nous fait, pour nous laisser « porositer » d’un mystère innommable, nous laisser bouger par ce qui échappe, nous saisit ? Nous laisser devenir un autre-soi sans se perdre non plus,
Sans perdre pied, mais toujours en laissant frôler-frolattrer en nous cette folie, cette fantaisie irrationnelle permise ici dans le maintenant de l’écoute large, dans ce jeu d’enfant grand.
 
L’écoute est un acte
 
L’écoute est au milieu
Tout réside dans l’attention portée
 
Le moindre mouvement
Le moindre son proche ou lointain
Au-delà de l’espace-même
 
 

Vidéo à 37’09”

La gravité, squelette, matières spongieuses
Travail sur l’état des vibrations
Le squelette résonne
Les vibrations du son traversent la peau, traversent l’épiderme, glissent sur les fascias, glissent sur les muscles, suivent les stries, les ligaments et les tendons.
Les vibrations descendent ou plutôt voyagent, traversent, se faufilent dans les liquides, la lymphe.
 
Les filaments, les réseaux de communication
Les sons traversent les couches, percutent, sont bousculés, massés.
C’est physiologique
Les articulations laissent passer les informations
Circulation du son, de l’énergie, du mouvement dans les moindres recoins.
 
 

Vidéo à 39’36”

Le corps est touché par le son
 
L’énergie du corps échauffe le corps
La température enfle
La peau transmet à l’air l’énergie du mouvement, le mouvement invisible au-delà du corps
 
Particules
De la matière se dégage de l’air, c’est physique, physiologique
L’air est brassé par le mouvement, par les sons
Sons et mouvements sont reliés indéniablement
 
 

Vidéo à 42’48”

Lignes de son
Danse comme une manifestation dynamique du vide
L’essence du son, l’essence du geste
Le vide immense, chaos phénoménal qui a donné la vie
Colonne vertébrale, oreille, ramifications, articulations
Liberté
L’espace à l’écoute, un lieu d’écoute
Les sons sont entraînés dans un flux, ils jouent dans l’attente joyeuse du mouvement suivant, ils jouent dans les articulations juste le temps de trouver une nouvelle voie
Les liquides, un océan en soi
Des méandres incandescentes, phosphorescentes, lumineuses
L’écoute par les liquides est une écoute mouvante
 
(…)
 
… déséquilibre…
              …écoute…         …maintenant…
           …battements…
                   …pulsations…
 
Le corps…
 
(…)
 
L’espace du rien
   Le sourd retentissement

 
 
 

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SOUND – listening – GESTURE

Access to the French original text: SON – écoute – GESTE
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SOUND – listening – GESTURE
in Improvisation

Emmanuelle Pépin [1]



February 2019

Translation from the French
Jean-Charles François

 

Summary :

Part 1 : SOUND-listening-GESTURE in Improvisation
Part 2 : SOUND-listening-GESTURE in Instantaneous Composition
The moment of composition
Listening
Muscles, listening to space
Fasciae, listening of the unspeakable
Bones, skeleton, listening to space
La colonne vertébrale
Articulations, listening to space
Organs
Liquids
Veins, arteries, capillaries
Nerves
Our senses, listening to space
The surrounding space, external listening
Sound, Time
Lines of Sound
Textures and sound materials
Conclusion

 

Part 1: SOUND – listening – GESTURE in Improvisation

Dance and music are definitely linked. More precisely, movement and sound.
Each of them draws its origin from the body, from a conscious body.
They spring from an act of presence.
Here is their source, down deep in yourself. Within reach.

The emergence and propagation of sound or dance phenomena take different forms, the one more visible, the other more audible. Although!
The dance creates some sound, born from the sound itself – a distant sound within you, a breath, a beat, a vital impulse.
Sound originates from an instrument that someone plays, it stems from the body, from a movement, the sound is movement. Movement, visible “reasounding”.

In an improvised piece, dance, and music, exist together in the same space, dancers and musicians are linked together by act of listening and contemplation, to play a trick to the passing instant.

Fulgurance.

Letting yourself be invited into space itself.

Here, I am not proposing improvisation tools or scores. They are already integrated in each of us, dancers and musicians. It’s part of our discipline and practice, which here also, work hand in hand in improvisation.
And I’ll situate my point of view more on “free” improvisation without a pre-established code.
Rather, it’s a shared experience of listening, and an immersion in the body.
Body of the dancer, body of the musician, body of the instrument – body of listening –

It is obvious that the components such as rhythm, duration, texture, pitch, volume, notes, silence, melodies, points of attack, off-beats, impact, resonance, resonance of resonance, stop, jerking, pre-movement, energy, pulsation, tempo, sound sources, propagation, direction of sound into space, scores, inputs-outputs, superimpositions, interweaving, are elements with which the dancer plays. The musician too.
The musician can also accompany the dancer, the dancer can accompany the musician, musicians and dancers can accompany each other, or not.

Perhaps rather “s’accom-posing” together.
They share these memory expanses, these territories of accumulated impressions and experiences and constantly renovated by the freshness of the Instant.

Everyone, according to their skill, amuses themselves, but at the same time lets themselves be traversed, and intuitively listen to the sound path in space, in the instrument, in the body.
More skillfully, the artist can feel the places of the body precisely touched by sound through its impact, its rebounds its pauses, its texture, its speed, its impetus, its surges, its intensity, its quality, its disappearance, its resonance, its circulation, its challenges to our cells, our memories, our emotions, our buried reservoirs.
He can just let being touched.
The musician or dancer can even sometimes feel the energy(-ies) particles modifying space and our presence.
He composes with the invisible.

The body and all the layers and components – skin, muscular tissue, fluids, organs, lymphatic endocrine systems…, intern rhythms, state, temperature – welcome sound.
The body (of course the dancer’s, but also the musician’s) is a resonator, a channel through which sound circulates, activating and transforming our presence.
The dancer listens how the resulting gesture takes its place, is invited into space in the same way as the note, as the sound. As a gestural sound, a silent sound.
 
 

Contemplation and listening to space are at the heart of improvisation.

Contemplation and listening to space are at the heart of improvisation.
 
 

Attention drawn, with the eyes of a child, on the phenomena.
 

The strength of trust
 

A body-landscape, a body-space, a body-resonator and resonating, a listening body.
An organic state, sensitive, poetic, and a space for creation
 

How space offers us the possibility of creating, of transforming of being transformed.

How our presence (musicians, dancers, audiences) modifies space, architecture, sound, atmosphere.

And finally, how the dialogue between bodies and space itself is achieved.
How listening activated in each of us transforms the space and thus through it the composition.

Listening is at the origin of the composition.
 

How, through this organic, intuitive, sensitive agreement, musicians, dancers, poets of the instant grasp phenomena that are in process of being manifested, at the same times as meaning emerges, the meaning of the unexpected, of composition, of discovery, and of writing.

As a performance and dance artist in instant composition, what interests me here is just sharing what I’ve seen appear regarding the relationship between music and dance, sound and movement. The dance movement contemplated as silent sound movement, an energy whose trace is invisible, but that can be grasped by attentive listening. And sound movement is not only an audible trace, but also an attentive gesture issued from the body.

Listening is common.
It’s in the midst
 
 

There would be a whole inventory of obvious and sophisticated correspondences between sound and gesture particularities: complementarities, similarities, also taking into account the characteristics of the instrument (form, matter, resonance, weight, relative ease of handling, texture, origin, use, sound, and the sound that each musician creates and allows to express itself).
 

There would be also a whole inventory of possible scores, of all kinds of codes, enabling us to play together. But this is rather part of the work, the learning, the discipline that each of us every day artistically refines.
 

Above all, it’s the question of the phenomenon that is manifesting itself that interests me, and how listening and contemplation are at the heart of these manifestations with which we play together to compose in the instant.

So, it’s how can we focus our attention on what we have in common, our breeding ground: our presence, our listening, our body and space

And it’s just a moment where we are going to open our listening ranges. And welcome what is happening, attempting to put aside our representations, our expectations, our a-prioris.

My body lets thoughts emerge, a cognition, a re-cognition.
My body in presence, my body in dance. It’s a play on words and on bodies that are here expressed.
My body in consciousness or rather the consciousness or consciousnesses in movement in my welcoming body.

Strictly speaking, it’s not a lecture, nor a workshop, it’s another form that I am not able to name. You become all at once listeners, spectators, actors.

Therefore, it’s an experience in listening, and paying attention. Also, in looking.

A tension towards

At the same time a tenuous and flexible thread is held, towards what is manifesting itself in and around, and to identify, to perhaps note what is going on, while allowing this question of the relationship to emerge: dance and music in one’s own experience.
 
 
 

The space between oneself and the world.
This living space, vibrating in-between, in the midst, open.
 

The space that we all simultaneously share, dancers and musicians, improvisators – poets of the Instant, the fulgurating Instant, of the un-wise passing of time.
Time- traverses
Space od freedom, of conquering each instant – refreshed
Space of dignity and responsibility.

The space of listening and contemplation offering and sharing together the appearance of a manifestation that occurs at the same time.
Pre – what which precedes – birth, appearance, surge, unfolding, disappearance of an event (sound, gestural, or other), resonance – resonance of resonance, grasped by our perception and our consciousness.

The listening is common to all.

It’s in the midst
 

To be in the midst
To be at the heart
To be in relation

We are beings of relationship, and we can’t do otherwise but be connected. Connected with our environment, of which we are an integral part.
We are a place, a space in a larger space: the world
A point in the midst of a range
A detail in a globality
A tiny “whole” in a sensitive body.
A passage place
of traverses
A unique territory daring to welcome
and share, through sensitive play
A common space where gesture, whatever its form (danced, sonorous, pictural) is projected from the instant and is inscribed in a radical and ephemerous writing.
A writing of the ensemble – of unity.

Our body is an expanse of listening, of lives, of palpitations, of pulsations, of beats, of ceaseless flow. Our cells are continuously renewing at the same time as others die. Appearing and disappearing held together.
We are composed of rhythms, of large oscillations, that resonate with the world. An inner soundscape and, driven by this vital beat, an breath radiating through our whole body, which in turn resonates from our being, our history, our identity, our culture, what makes us what we are.
Flux and reflux.

Transformation(s)
Trans-mutations
 

The space within us listens to the beat of the world, and the space listens to us
Porosity.
It’s already a silent dialogue, as if muted –
A universal “breathing”, cognition and recognition known by each of us.
A mystery too.
An irremediable friction between the unknown and the known.
And it’s with this that we move on, compose, improvise.
The unsuspected.

We discover and refine our Feeling for space
each time!
We actualize in the space-time of the present, yet with everything we have in store, what we know of ourselves, what we don’t know. We play at the same time in between recognizing, forgetting, putting aside, abstracting, inhibiting, renewing, innovating, constructing and “de-constructing”.

We are born into the environment, we survive and live in this environment, in this air. We breathe the world as soon as we arrive, we adapt, and we display great inventiveness, to maintain this space of encounter, to create as the best as we can a just balance between the world’s unity and distinctiveness.
A dialogue of alterity

Our body breathes, inhales, exhales, takes natural pauses. We let ourselves inhale, we let ourselves exhale, we let ourselves settle into our silence.
Our inner pulse beats down deep within our world, beats towards the world, beats from the world, simultaneously beats and is in resonance with the world…
 
 
 

L’espace nous offre l’écoute
Space offers us listening
Space is listening
Listening is space
Space invites
Space unveils
 

We co-habit together with space, inseparable – undeniably.
We, dancers-musicians, improvise on the basis of this co-habitation.
We take into consideration the components of the surroundings: mood, colors, forms, lighting, air gaps and swirls, energy, smells, materials, sounds, living beings, breathings, frictions, displacements, plants, animals, humans, minerals, objects, invisibility, presences-absences, memories, architecture, all are rich supports, rather true partners for our composition. For our improvisations. Impropositions, impromptusition, position-com
Large and subtle perception.
We keep ourselves aware.
We let ourselves be carried along by the flow. And we keep ourselves ready to play appearances-disappearances.

Originating from the surge of a primary gesture, sound or/and dance source, propagation, encounter, surroundings conditions, instantaneous writing is revealed in this simultaneous complexity.
It’s not a binary relationship (sometimes it is) – music and dance, sound and movement, but ternary or even four-beat, even expansive-dilated-contracted: artist-audience space together focused on (towards-with-for) listening.

It’s also a relationship the distant and the near, the Here and Elsewhere, linked to the subterranean pulse through gravity and air.
A here and now with the formerly and the ad-venir.
In tune with the times!
Off-beat
 

And our presence (this present body), resonating from that diversity, in turn transforms what is around us.
Receiver emitter both
Transmitter – transm-be
Outward and backward – in and out –
Concentric and eccentric movement
Dilatation retraction expansion
Fabulous and natural life of the cell.
Physiological beat
Expression of living.
Organicity of listening.

Unveiling of meaning through listening.
 

Listening is an activity, a capacity given to us, a movement in itself, an awaking, an act, a grasp on what is.
A state         of not-wanting.
Be ready to… be focused towards!
On the lookout, on watch

A state of being yourself, outside oneself, simply, available to what emerges, gets there and flees away almost immediately. There is already in appearing, its disappearing. It’s our attention that makes it alive, real to ourselves, existing in space, element of composition. The surge and its journey through space become an entity, elusive matter of writing, revealing at once the matter of time.
 
Listening enables us artists, among others, to create and to grasp what is manifested, in our deepest inner self, in dialogue with the environment, in connection with the world (or/and an idea, a landscape, a person, an emotion, a situation, an event, a necessity, an absence, a questioning, an impulse, a vague intuition, reminiscences, something that touches us or not,
 
a mystery, an “it”, a question without answer).
 

A pure pleasure.
 

We compose with it, in, around, at the invitation in the midst in which the improvisation unveils itself.
 
Everything is there, within earshot, at fleur de peau (skin-deep), just ready to, just being there
Intuitive and cognitive agility, vivacity of a consciousness activated by listening to capture what there is, what appears before its actual manifestation, in the air.
Silently, through a subterranean and aerial pulsation already there, musicians, dancers – poets of the instant, we are predisposed to proceed intuitively to an immediate inventory of the state of play. To let emerge to our consciousness and our perception the state of mind

of this listening to silence, opening the space

May our bodies disappear (or at least the sensation of our own body) to let only appear the phenomenon of the essence of sound, of the essence of gesture, through our creative acts, and give life to these joyous gushings: the improvised pieces.
The unique poetic writings of Instant and Space, that offer themselves to the void and immediately disappear, leaving only in the air an obvious Unity, an irrational and mysterious agreement or perhaps graceful, full of grace.

These elusive enchantments, graspable and disappearable, reach in the same moment, in a muffled tortuous pathway within us, a place in our body. Like dreams gliding to other areas of the brain.
Physiological transmutation of an elsewhere, of a mysterious and delectable “it” that creates us anew with each penetrating experience.

Migrations of living-memories that become one with us, animate us, bringing back the elsewhere in the fabrics of our bodies, undressing us and re-dressing us.
For isn’t it the most naked act of stripping ourselves of what makes us, who we are, to let ourselves “porosited” by an unspeakable mystery, to let ourselves be? To let ourselves become another self, without losing ourselves either.

Without getting lost, but always letting by skimming-frolicking in us this madness, this irrational fantasy, allowed here in the now of wide listening, in this big-child game.

Metamorphosis
 
 

 

Part 2: Sound – listening – Gesture
in Instantaneous Composition
A Phenomenology of the Sensitive Body

How wide is the world
And how infinitely great and refined can be our listening
it’s available
A state
Listening is an act
An act of presence

Here, the spatial, sound architecture.
The landscape, in its midst with its particularities, its components.
A specific, situated space in a larger context-space

Consider the whole
The place itself, here and now:

  • The room or performing space (with sound, olfactive, tactile, visible, invisible, human presences)
  • And the wider space, the expanse: beyond the hall (the village, the mountains, the rivers, linked to the landscape here, extending to the sea, to other continents, the near linked to the far through land, through air)

Let’s come back here and now
In the present
To literally appreciate what is
What is lived
Let’s listen to this space
Let’s listen how this space moves us
In immobility
Let’s listen to the phenomenon

Let or senses to awake. Our cells adore
They are joyful when we give room for the body to listen
Gentle attention focused on the instant
Let the sounds reach us
The space between sounds
The space between silences
The space of silence composed of sounds
The sounds surrounded by silence
The sounds near, far
Let’s listen to the sense (senseless) revealed by silence
Rising by itself

Let’s listen to our breathing, our beating
Let’s listen to our rhythms amidst architectural sounds in space
Let’s listen to the movements of our living Being

Let’s listen to the other, to others, in space, in the process of listening
Let’s listen to listening

Let’s listen to the whole as a large score of sounds cohabiting together
Participating together
And,
Our presence at the core
Our attention focused, activated

What does it change
in us
In the air
In the atmosphere
 
 
 

The body is present
Through our very awareness
Presence – Participation
We act, more than we are actors
We participate whatever we are
And we are different
As a result, we participate differently from the way of our own listening
And our vision of the world is different
Our listening is variable
According to each of us, according to our mood, our state, our emotions, the conditions, etc.
Our listening is constantly in the process of evolving
And our view of the world evolves within us
In spite of ourselves, outside ourselves
Our gestures are modified
and as our listening is so different, dancers, musicians, improvisators, we are enriched by this diversity. Sharing is one of the flavors of improvisation. We taste this.

However, we have resistances, habits
And it’s by trying to distance ourselves from our resistances, from our expectations, that we can welcome, innovate, dare, astonish ourselves

 

Improvisation is to experience discovering.
You discover discovering at the same time as you’re uncovering.
Improvisation is to experience uncovering.

Highly dynamic
we have to be quick, agile, quiet to “survive” this fulgurating ephemeral.
 

We dare this vulnerability, this fragile strength
this intimate delivered in space
here this ringing far away
this phenomenal
presential state
 
 

the moment of composition

An invitation on-board
It’s already a movement in itself
Movement implies change
Change
Présences         absences
Mobility        immobility
Sounds         silences
The living
The manifestation of the living

Dance is the art of movement in silence
Dance is the art of inaudible sound
Dance is the art of the gesture of listening
Dance is the music of the inner impulse
Dance is the calligraphy of space, drawing and sculpting invisible landscapes
Dance is the capacity of letting be the in-between space
Between oneself and the surrounding space

Dance, in instant composition, is as letting live the space of emptiness
The space of nothing

The muffled ringing

Music is the art of silence in audible vibrations
Music is the art of sound movement,
of visible and audible modulation simultaneously
Music is the art of the writing of listening
Music is the voice of the inner impulse
Music is this calligraphy of space, dancing with it,
drawing and sculpting invisible soundscapes
Music is written in space
sculpting it

Dance and music are situated there

together, or rather at the same time

yet without “harmoniously playing together”

Dance and music play here proceeding from evidence
 

And
let things appear
The emergence of an unknown
Of an astonishment
Let’s be traversed
Harness

Grasp

Imagine

Construct deconstruct
 

Compose

Re inventing a new space
 

Poetics of the instant
 
 

For this, it’s an experience constantly renewed
which is shared, is nurtured by multiplying possibles

desires, encounters, dreams, intuitions, aspirations, affinities, heart’s impulses, fortuitous or aleatory conditions, contexts, ages.

no fixity
nothing is in a frozen state

Composing in the Instant sparks a capacity to stimulate our senses, our perception, our imaginary, our fantasy, our feelings, our thoughts, our emotions, our concepts, our intuition, our dreams, our desires, our knowledge, our ideas for creation.
 

Writing in the Instant sparks an adaptability to what comes along, to what is pre-disposed.
 
 

A readiness to be
Not expecting any result
But simply be swept along by the journey of the movement in the process being manifested (sonic, pictural, musical, corporeal, vocal, visual, etc.) and at the same time grasping it, perhaps with the intent of elaborating a composition.

Being in the process itself and listen this process in progress
Contemplating
Dance is contemplation
A dynamic meditation of mind and body in presence

Music can be a listening of this kind
a “reversible” listening, mirror listening almost
Dance and music look at each other, observe each other, tame each other, distance themselves from each other, come closer, co-habit, tune, or not
they live together in a contemplative listening, in the heart of and within a space.
 
We open a space within ourselves, and around ourselves; we invite the space itself to meet our inner space, and to let our inner space resonate in the world
And
Listening the resonance of the resonance
Listening to listening
Perhaps that’s what “creating in the instant” is all about
It’s an experience of what escapes
A traverse, letting ourselves be traversed,
Subtle expansion of the open
 
Welcoming the unknown
Recognized
Feeling that we do act
Responsibility of participating in the work in process of existence
 
Here we are, just one element among other elements, a living parameter among the whole, we are beings aware of what is being created.
 
Humility
Humanity
Outside any hierarchy,

Dancers and musicians, we hold together on a line or a point, that expands and sustains itself through gravity, through the air, through the universe.

Lines and waves expanding towards infinity
Constellations in constant movement.
 
 
For that, dancers and musicians, we leave open the possibles of the moment

–    we start from our body
 
–    we assess the situation in locating what is around us, meeting each other
 
 
It’s a hello
A sort of greeting
 
an acknowledgement of the Living
gratitude of the instant
 
the body: true cartography

an architecture in itself
a soundscape, audible and non-audible
a rhythmic body
a infinite language
an immense territory
in constant renewal
a world in itself
a phenomenon
<:p>

the soundscape : a true cartography

an architecture in itself
an immense territory, constantly changing
constantly renewing itself
a world in itself
a landscape
a phenomenon

the encounter: immense interactions

infinite possibilities
aleatoric variants
multiple compositions
probable and improbable agreements
unsuspected gestures – unimaginable
spatial, time, energetic, emotional, culturally multiple correspondences (or not)
varied accompaniments
A wider acoustic spectrum
 
 

How, perhaps, to better grasp what is within reach
 

Listening
a space of encounter between the inner world – our body – and the outer world, here, the sound-gesture landscape
 
–   the inner listening
in relation to sounds
 
–   the body
 

I attempt here, through “parameters” that appear to me to be fundamental but not exclusive, to propose a kind of deciphering of how the body/mind comes into play to create in the instant in relation to this (sound) space
 
I’ll here mention briefly what each parameter can lead to and stimulate as an ability to connect with this environment:
I start first from the constitution of the physiological and anatomic body, from the capacities to extend to our mind, our feelings, our affects, our creativity
 
–   ear, skin, muscles, bones, articulations, senses, perception, feelings, imaginary, fantasy, contemplation and poetics
 

the ear: sense of the architecture audition in a the shape of a spiral funnel, letting sounds pass in the form of percussions and vibrations in the auditive canal, to the cortex, through electric impulses; an entire nerve termination communicates, translates and recognizes information coming from the outside world
 
the ear: center of balance – inner ear
 
We keep our balance through listening
Constantly in between balance and imbalance
 
Wavering of listening
A tiny musical dance that whispers to us secrets of gravity and alliance of air with the earth
 
the ear: small, hollowed container, that holds a liquid. This liquid receives sounds. It is transferred and constantly seeking to retrieve its horizontality. Yet as soon as the body moves, the liquid is tossed about, almost a reversal in itself. Listening is incessantly renewed.
Permanent inconstancy
As soon as we move, we offer our ear a multitude of new possibilities. Ear and space levels are playing together. One doesn’t hear the same way lying down, standing, sitting, crawling four-legged, jumping up, pivoting, listening.
 

the skin: porous membrane, letting air particles pass through, filtering them, listening to them.
Temperature, oxygen, humidity, atmosphere, matters, vibrations, moods in the air are captured by it
The skin links up and separates from the outer world
The skin as boundary – offered edge
The skin, a living and sensible matter
In perpetual awakening
Quivering
 
Vibrant listening
Activity of the skin
The skin listens to the world in which our body moves, feels
Where our presence takes place
 
Listening through the skin, in the body, in my dancing body, stimulates a soften, round, vast listening. The skin that listens expands everywhere, all round. It enfolds. It caresses, lightly touches, glides, traverses, in turn widens, also retracts, softens the fibers underneath, enrobes the world, curls from the world.
It tunes in
It opens up and welcomes even what is “unpleasant”
The notion of pleasant and unpleasant is set aside to make way for acceptation of what is
The skin lets the journey of sound vibrations penetrate
Greeting it without a priori
The skin receives
Simply
It invites the outer world to glide in, to enter, to be filtered too.
 
Listening through skin is like a child’s listening. In a gentle, naïve amazement
 
Subtle skin
Subtle skin revealing hidden corners
Subtle skin receiving the slightest sound, even the inaudible
Subtle skin touching the invisible and being touched itself by this invisible
 
 
The immobile body and the body in motion
The one seemingly static
The other in a way of moving which changes the apprehension of the surrounding world
The body drawn into the space destabilizes listening, modifying it, dynamizing it.
Everything is going very fast. Listening is dynamic and has fun with that.
  The inner ear is constantly adapting, the skin takes over when balance is delayed
The skin supports us, communicates constantly and creates a passage between outside and inside
Sounds collide it, make it vibrate, caress it.
The skin can make itself receptive (of course, according to the mind’s ability to welcome and be ready to…)
The ear, sometimes not
Ears don’t carry eyelids
They never close, however, even if they are constantly open-offered, if the attention of our mind isn’t involved in listening, then we can ignore certain sounds
And even sometimes we may even feel as not hearing anymore
 
Listening through skin slips between sound and silence
It acts as a binder
It’s a listening continuum
This envelope is wide, and the world wideness recognizes it
Together they explore immensity
A kind of totality
The skin’s listening is global
Even if sometimes a sound touches a precise zone, a detail of the global body, very soon all the rest is touched
There is an immediacy
It’s like a wave, it radiates
Listening through skin is like water, a flux
Listening through skin immediately proposes a double move: my skin touches the world, and the world is touched.
(I am touched by the world that is touched!)
 

The skin, listening organ, in turn reflects back to the surrounding-space: an energy; the body’s heat is modified, and the body’s energy particles propagate to the air.
The air listens to skin, it receives information and re covers from it.
The air is linked with objects, with instruments, with musicians, with sound
The air is the space itself
The space listens to our presence, to presences
The sounds travel in the air as particles in vibrations
The vibrations reach the skin,
The energy vibrations of the body travel through the air and meet the sound vibrations
The vibrations meet one another
The sound listens to our presence
Our presence transforms sound
As sound transforms our presence
Back and forth
Permanent dialogue that sometimes escapes us
The body recognizes
Innate knowledge
tactile, vibratory knowledge
invisible dialogue
in the air
of the times
skin-deep
sound matter-deep
air-deep
listening deep-reveals
deep-revealing: to appear on the surface
 

Muscles, listening to space

Deep mass underneath
The muscles stretch, contract, responding to ligaments information, to nerve endings, in support of the skeleton, via tendons, ligaments, fascia.
Listening is deeper, more penetrating
It’s dense
Thick, expandable, flexible, elastic
Listening, here too, is dynamic, but it can offer a different temporality than listening through the skin.
Here, sounds that reach the muscles have already been filtered through by skin, and are as if impacted. Sounds bounce, hit, penetrate, diffuse themselves, following deep striae, open wrinkles. Sounds are kneaded, malaxed, as if atomized. They seem to be surrounded by thousands of muscular fibers, sometimes they are imprisoned in one place.
Listening through muscular mass is like absorption towards unspeakable depths.
It offers dance a silent, dense sound and tissue imprint.
It gives way to taste the detail, the mass, the fullness of a zone, through the impact of sound, inhabited by the strange, by the unexpected.
Listening through muscular mass warms you up, it’s carnal.
Can we speak of a carnal listening?
The skin: subtle listening of the invisible
The muscles: carnal listening
The skeleton: structural listening and resonance

Fasciae, listening of the unspeakable

Multiple, aquatic ramifications, the fasciae are a subtle and incredibly rich network of a multitude of pathways, alternating tiny thin filaments and capillaries, with “sunken drops”, where listening slips through, lingers, fuses, at an unsuspected speed, close to a speed of light, a luminous and radiant listening.
It escapes rationality and mastery.
Listening through fasciae is a lace of light.

Bones, skeleton, listening to space

Sophisticated architecture, a framework that’s both solid and supple, can make us stand upright
or not
It is complex and featuring lines, segments, curves.
Listening through the bones offers a resonance deep down inside us.
The bones receive percussions, vibrations, and make them to travel into the hollows, the interstices of the spongious of the bone constitution, for dissolving them, absorb them, “reverberating” them elsewhere in the body
 
Listening through the bones aims at the cell core
 
The skeleton is like a echo chamber of resonant silence
A dense space, with an atomic, nuclear intensity
There, external sounds meet, in depth, our inner sounds
They communicate between each other and recognize, discover each other
They speak a common, timeless language
Bone listening is timeless
also implosive.
 
 
It can linger there
Listening can stretch out in immobility
ephemerous eternity of immediate listening
 
It could last
 
Bone listening is relayed by the play of articulations and ligaments, nerves as well as fluids and organs.
Without them, it could not be able to conquer the bones, nor travel elsewhere, in the body and even beyond the body
Here again, you have a whole communication network involving sophisticated refinement.
A rhizome, roots, tubers
ramifications from skin to bone share listening, diffuse it, clarify it.
Listening through the bones is limpid, uncompromising
almost brutal, archaic.

The spine

Deep internal structure, flexible stem like a human bamboo floating inside
Supple line, winding inside ourselves
Its genttle curves offer us multiples-possibles
Flexibility
Directions, extensions, flexions, rotations
It’s tremendous
It’s there, within reach
All what’s needed is
Even if it can be twisted for some, frozen, broken, or even weakened,
it knows how to move by the attention given to it
It’s already an inner, deep, minute dance that unfolds through the body, into space
 
And then, it’s in itself made up of space,
Space between vertebrae,
Oiled disk with a nucleus inside
Like a cell
A precious little marble rolling about, adjusting to the slightest of our movements,
even the tiniest
That’s why it’s always possible to move, to dance, even if it’s not visible
It’s a gentle rolling, a play of perpetual gliding

                        A spine is also composed of several elements,
intelligently organized, of different shapes, of different sizes,
Here, you’re always discovering other possibles
Listening enables to follow the movement of the spine
This two-end arrow
The coccyx pointing towards the floor, like a plumb line, playing with gravity
like a pendulum finding what’s coming from our long ancestral historicity, this vertebra that was once a tail
And the first vertebra erected at the back of the skull
Elegance of the curved and vertical line
A posture worth of our ancestors that have unfolded, unwounded, with strength and frailty, like brackens’ young branches, tender green, tossed about by the elements in the midst of a dense forest
The spine – connecting link between the body’s upper and lower parts
Communication between high and low
 
It visits the space from within, letting a body shape to be drawn linked to space
Tracing of the lines
Living calligraphy – pure, unique, and universal stroke
Human architecture in the architecture of space
 
The awareness of the spine proposes clarity from where we are situated
It connects us, from the deepest to the surface, the environment, the other
Listening through the spine means this impulse rising towards the sky and anchored in the earth
listening is impetus
in inconstant dynamic stability
double movement of high and low playing together
in a multi-dimensional flexibility
listening is there on all sides
a listening on the edge
ear and spine linked together in this primal, primate instinct
nerve ramifications and spine connected together from periphery to human depth

Articulations, listening to space

Articulations and surrounding area, are the passageway
It’s empty space (but always full)
The space of freedom
 
Mechanisms, cogs, slides, liquidity, here again we are witnessing to a veritable interlocking play, of ramifications, connections, and rhythms. A perfect communication network.
The spaces in themselves listen
They listen, relay, allow the circulation of movement, the travelling of vibration.
An open space in itself
A place for fine and complex listening, offering a multitude of possibles, of new paths to follow
Sounds are carried along as a flux, they play in joyful expectation of the next movement, staying just long enough to find a new way to follow.
 
The articulation space is the sensible place of a listening steeped in freedom
Listening to the open, to the possibles
Here there are listenings and listening to listenings
A very subtle and joyful listening
a disturbing and breathtaking listening
because the tiniest little movement causes great turmoil
and a lot of emotions at that moment of listening
there are so many possibles, so many mysteries, so much of the unexpected
listening through the articulations is bewildering and yet so skillful.

Organs

Beating heart, pulsation valve, liver slowness, intestine transit, kidney filtering, genitalia for reproductions, spleen, respiratory tracts aeration, opening, closing, sorting, listening is here rhythmic, involuntary, primary, ancestral, and actual.
  Organs listening comes to meet the remote past, the Jadis with the present.
Listening rejoins that of the cells.
Listening is present memory.
 
Cellular memory and memory to come seem to dialogue there, deep in this very low and humid listening, almost basic, primal.
Primordial.
 

Liquids

In itself an ocean
an ocean of listening made up of flux and tides
of cycles and changes
of rhythms and colors
blue, red, transparent
incandescent, phosphorescent, luminous meanders
lakes and rivers, veins and arteries, plasma and intercellular liquid, extra-cellular matrix, liquids of the interstices, hollows and fills, infiltrations and corners, a flourishing and organized landscape together,
liquids that are oxygenated, purified, filtered, transformed, expelled, regenerated, soiled, illuminated, diluted, poured out, stagnated, infiltrated, housed, spreading out.
Listening through liquids and their vehicles is a moving listening.
Sounds are muffled, dilapidated, absorbed, transmuted, incorporated, jostled, spilled, moved, “resounded”, reverberated, impacted.
Listening is fluctuating. It plays on our adaptability.
It is in an unstable movement with which we know what to do
a continuum of ceaseless flux
such an ancient movement
a movement of the human body, a movement of the living body, a movement of the oceans and of the earliest living and surviving beings
listening is here primordial
matrixial
it provokes tides of wandering and rescue
unsettled resonances
gestures of an erstwhile time updated by what we are today
an ocean of listening that the skin retains, inhibits, and yet that lets itself be swept along by the flow of external moods.
Air is then a good companion for attenuating these tides of mouvances and resonances
would the sound from outside venture under the guise of an almost tranquil skin?
The dancer is standing there, on the edge of this tsunami, with which he sails, his listening as his helm.

Veins, arteries, capillaries: circulation networks, communication

  A whole complexity of ramifications that irrigates our muscles, fascias, organs, skin, with colored liquids. Listening is refined and floating; almost a blurring listening!
A sort of vague listening, all in whirls, in flux and reflux. A marine listening, a thick lava, and thin depending on the passageways.
 
Listening is like multiple, from everywhere, “disoriented”, almost wandering.
And yet so organized.
Listening in the move.
 
Whirls of listening

Nerves:

an arborescence of luminous filaments, from the vertebral trunk to the surface of the skin, electric journey at a vertiginous speed.
 
Listening is untamable, almost reflexic. The movement is animated while the mind has no time to see it occurring, nor passing. It’s already over.
Listening is almost atomic, so fast.
Listening of the instantaneous instant!
T

Our senses, listening to space

Awaken by these listenings, our senses are stimulated to receive even more
They are greedy!
Synesthesia, our sense speak to one another, at times more awaken, at other times getting married to each other, and still at others distinguishing themselves, or even revealing forms, flows of energy.
 
Hearing is not what’s only concerned (I’ll also be focusing on looking at the gestures)
From the moment we let ourselves be touched, the sense of touch is touched!
As soon as we move, the world around us moves, and the looking is changed. As soon as we listen, we taste our full presence here and now. We savor being at the core of the world.
   We create a new landscape, and our feeling guides us, intuitively.
Everything is a source of creation, of landmarks, of composition(s)
 
 
 
We let play our imagination, our feelings, emotions, hopes, images, recollections, visions, follies, dreams, hidden treasures, ancient memories, knowledge, history, references, dayly life, absences, desires, forgotfulness, landscapes from here and elsewhere, the beings that we met, love, encounter, colors, flavors, odors, sounds.
 
The usual becomes unusual,
The ordinary becomes extra-ordinary. The extra-ordinary becomes our ordinary.
 
All these “ingredients” abound within us
They stimulate each other with the world
Sound comes directly to touch our inner world.
   Our sounds, our rhythms, our energy, our feelings, our being.
It’s the alliance of resonances
 
The gesture takes hold of this
The energy of movement is propagated, vibrations circulate and intertwine.
 
The energy of matter in motion(s).
 
 

The surrounding space, external listening
. Perception, listening to space

Listening opens the interstices of our inner world
By opening up these interstices, it creates a sense of being in accordance
Then in this tangible agreement there’s in fact an immediate correspondence with the environment.
The landscape, of which we are a part of, becomes infinite
 
The landscape-space “desires” or rather becomes real just by being listen to, to be looked at, contemplated, integrated in its whole.
It’s all there, and the act of listening is this vehicle that allows us to travel in this space-time, that allows us to be integrated to the unity of space, of which we are only one element.
 
Space in itself and space outside itself undeniably establish a relationship.
Listening to listening opens the space of encounter even wider. Listening precises the space, it carves it, hears it, it happens as if outside itself.
The space of listening becomes autonomous.
   The space of creation becomes open.
The space of conscious freedom.
 
 

Sound, time

Listening to duration
Listening to the duration of sound or gesture offers the unfolding of time, and thus the probabilities and micro sound events: frequency, loudness, mass, amplitudes, effects, oscillations, waves, pitch, timbre, volume, etc…
It proposes a journey through time. It gives a sense of what precedes, a beginning, an unfolding, an ending, a resonance, and the resonance of resonance past      présent      future      and all the shifts from the past into the present, of the present towards the future, of the present into the past, from time that no longer exists to time that doesn’t exist, from time that’s wasted to time found again from time as a space where we exist.
Time of the living.
Listening to the living.
 
Listening to Time is an immediate predisposition for composition.
The composition as a writing of this movement of listening.
A muted pulsation within the space, in the earth, in the air, in oneself.
Listening to the relationship of pulsations that beat together, yet at the same time distinguish themselves and create a Unity.
Listening of the ONE
 
A large-scale score of Unity in which events cohabit, punctuate, raise, attack, gather, distance themselves, are made and unmade, play together, alone(s) or alone(s)-together…
Sound and gestural events that dialogue with each other, with their specificity, their difference, their “assemblance”.
Events that, finding their origin and their life at the source of listening, can then easily move apart, be side by side, or not. But they come from this same place.
The root of listening.
In other words, the radicality of listening.
 
 
All the overlaps, crossings, stretches, phrasings of a sound or sounds allow us to “imagine” sound trajectories. It’s the same with duration of movement, its trajectories. We can listen to that, this musicality of movement and we can also use our eyes. To “see” time.
In-between-seeing.
Looking at durations, observing the temporality in the gesture of the dancer. This is played out in the energy of the gesture, also its form, its accents, its nuances within a movement itself, the phrasing of the movement, its qualities, suspensions, stops, impulses, slowdowns, crescendo-decrescendo, musicality, etc…
 
Listen, look, feel, touch, taste, perceive are gestures-acts of listening.
 
 
Time and space are undeniably linked together
 
The oscillations of time are a multiplicity of events, that can be distinct or not. It’s a question of choice.
The body can follow this temporality. It contains it.
Listening through skin, bones, articulations, senses and obviously the feelings and the imaginary.
Everything resides in the attention paid towards
The feeling of the space
The feeling of oneself
The feeling of the between-oneselves and of the between-world
The feeling to be in the world
 
Arms, legs, spine, nerve ramifications, anatomic lines, like antennae, capture and transmit to the outside space
   Organs, liquids, fascias, veinous arterial cardiac endocrine rhythms, vital energy, receive, emit in their turn.
The instrument’s body, the musician’s body, the musician’s gesture with the instrument, the dancer’s gesture, are the animated compositional elements linked to space
 
The energy of the gesture is launched.
Invisible trace, audible or not.
The body manifests itself through listening.
 
 
The energy of the gesture is launched.
Invisible trace, audible or not. The body manifests itself through listening.
 
 
 
The sound is an uprising,
The sound displaces the whole body, jostling it, turning it upside down
 
The vivant body is time vibrant
Cells recognize that very quickly: rhythms, pulsation, beats, cycles, phrasing, musicality, intervals, loudness, attacks
It’s innate     physiological
 
 
 
We know how to compose with time
 
The time is given to us, the act of time rather
For how much time longer?
 
 
 
Listening to internal rhythms is a beat,
Manifestation of life
   Our presence becomes an element in the score of the world

The small in the big
A dot in the immensity
The immensity in a dot
 
 
 

Lines of sound

Trajectories
Volumes
perspectives
architecture
 
Source – passage – displacement – traverse – end of a cycle – resonance
Vanishing line

Of distancing
   Of drawing closer

Sounds draw lines, vertical, horizontal, oblique, in spiral, in mass, in longitudinal waves, in flux and reflux
Directions      multi-directions      a-direction
Gestures too.
Dancers and musicians can listen together to these lines, these traverses, these spatial and temporal geographies. They can also look at those lines, the movement forms, the choreographies (in the literal sense: writing the body in space), the cartographies, the displacements. The carto-choreographies.
Listening-seeing – at the same time or not
Letting the eyes take precedence in relation to the ears, or the other way around.
To perhaps feel that the musician is looking to the gesture while the dancer is listening to sound, or the other way around, or both.
To also imagine these sonorous and gestural lines taking shape in space. To follow them or not.
To play with the elasticity of space and time.

Elasticity of sound

elasticity of gesture

Sounds are amplified in volume, in moving mass, creating landscapes of curves, of volutes
Flows of energy, waves that my body can grasp, and play with
Gestures have these abilities too, and the musician’s body can play with them.
Sound creates displacements, displaces and is displaced by the presence of bodies, of matters, of light, of air, of volume of space itself, of walls, of atmosphere, of emptiness
 
Air openings          stirring
 
Sounds play with emptiness
They weave their way in it and fill it
Sounds, or more precisely sound vibrations are blunted by air vibrations
 
 
Dance is a dynamic manifestation of emptiness
 
The two have a lot of fun together
Of the space in between
Of the invisible and ephemeral
 
Energy of gesture in space
Energy strokes, no trace to be seen, visible, with the naked eye
Gesture only appears in emptiness and is born from immobility
Sound only appears in emptiness and is born from silence
 
Tuning together they find
They become one only
 
Sound directions aim at the body, striking it, passing through it
Target body
Porous envelope of the skin
The body is touched
 
There is the impact zone of the sound
Then dilation, propagation of sound within the body
Sound travels
The sound vibration meets the body vibration
 
The sound is transported, transformed in the body and by the body movement, its energy
 
The dancing body modifies trajectories
The dancing body makes sounds dance, the lines of sound
The sound energy meets the body energy
It’s physical
Carnal
 
The energy of sound, of gesture, of movements in the widest sense, modifies the space, affects the walls, heights, volumes of the space, transforms the mood and of course, the space itself also affects.
meta-archimorphosis
 
 
 :

Textures and sound materials

Textures and body materials
 
The thing itself
Entering the thing itself
the grain
Molecular energy
 
The essence of sound, the essence of gesture,
The essence of the space in between
 
Being and traveling through the thing itself
 
The processus
The journey
The path
 
 
One of the responsibilities as creators of the instant is to be able to contemplate what is in the process of being changed, what is appearing (and disappearing), in order to participate and compose with
 
Begins the play of listening to listening
 
Composing with the whole
And feel the act of creating to be almost autonomous
Free of thought
 `
Detached
 
 
 
Sounds and energies of sound, of body, of gesture jostle the space, transforming it as if simultaneously, or sometimes in alternation, or even through effects of resonance, space transforms us. It’s also a back-and-forth process, but still it remains a whole, an extra-ordinary complexity of all kinds of parameters.

Conclusion

We cannot grasp everything, so immense are the multiplicities: architecture, luminosity, zones of shadow, state of the public, disposition of the artists and audience, spect-actors, context, temperature, number of artists and spect-actors, acoustics, materials, floor, ceiling height, lighting, etc…
 
There are choices we make; these are aleatoric in the sense that they respond also to the present moment and to our degree of listening.
There is all the things that escape us, and yet are part of the composition.
And it’s to the extent that it escapes that we are composing.
We don’t try to find what is escaping. Certainly not
and that’s undoubtedly where all the rigor lies in preserving this freshness of the instant, of the unexpected, of the irrational.
It’s with what escapes, and with this “it” that passes through us, which we don’t want to know, don’t want to understand.
 
But just, like a miracle, every time to marvel.
These are all moments of grace, of enchantment, that allow us to shine through, not in order to be noticed
certainly not
as we insist on a certain discretion
to these wandering pathways that we take, that we track, not expecting to leave traces either, but rather to give ourself each time in the most generous way possible, to trust in this vital force that drives us, that drives the world.
To this precious beauty that resides in this marvelous adventure
where each living being is singular, unique
where each singularity becomes diversity and richness of sharing
where each space, each sound, each gesture constitutes a whole
born from a vague disorder
from an immense void
from a phenomenal chaos that gave life
to what we are.
And to what we choose to be and to become.

(Corrected, October 5, 2022)

 
 
 

LE SON – l’écoute – LE GESTE

Acess to the English translation: SOUND – Listening – GESTURE
Retour à la page d’accueil : Emmanuelle Pépin et Lionel Garcin

 
 
 

LE SON – l’écoute – LE GESTE
dans l’improvisation

Emmanuelle Pépin



Février 2018

 

Sommaire :

Partie 1 : LE SON – l’écoute – LE GESTE dans l’improvisation
Partie 2 : LE SON – l’écoute – LE GESTE dans la composition instantanée
Le moment de la composition
L’écoute
Les muscles, écoutants de l’espace
Les fascias, écoutants de l’indicible
Les os, le squelette, écoutants de l’espace
La colonne vertébrale
Les articulations, écoutantes l’espace
Les organes
Les liquides
Les veines, artères, capillaires
Les nerfs
Nos sens, écoutants de l’espace
L’espace autour, l’écoute externe
Le son, le temps
Les lignes du son
Textures et matières du son
Conclusion

 

Partie 1 : LE SON – l’écoute – LE GESTE dans l’improvisation

Danse et musique sont reliées indéniablement.
Plus précisément mouvement et son.
Chacun d’eux tirent leur origine du corps, d’un corps conscient.
Ils jaillissent à partir d’un acte de présence.
Leur source est là, au creux de soi. A portée.

L’apparaitre et la propagation des phénomènes sonores ou dansés prennent des formes différentes, l’une plus visible, l’autre plus audible. Quoique !
La danse crée du son, nait du son même – un lointain au dedans de soi, un souffle, un
battement, un élan vital.
Le son vient d’un instrument qu’une personne joue, il provient du corps, d’un
mouvement, il est mouvement. Mouvement « résonnement » visible.

Dans une pièce improvisée, danse et musique existent ensemble dans le même espace, danseurs et musiciens sont relies entre eux par l’acte d’écoute et par la contemplation, pour se jouer de l’instant qui passe.

Fulgurance.

Se laisser inviter par l’espace même.

Ce ne sont donc pas des outils, ou des « scores » d’improvisation que je proposerai ici. Ils sont déjà̀ intégrés par chacun de nous, danseurs et musiciens. Cela fait partie de notre discipline et pratique, qui là aussi, se tiennent la main pour improviser.
Et je situerai davantage mon point de vue sur l’improvisation « libre » sans code pré́-établi.

C’est plutôt une expérience partagée de l’écoute, et une plongée dans le corps.
Corps du danseur, corps du musicien, corps de l’instrument – corps d’écouté –

Il est évident que des composantes comme le rythme, la durée, la texture, les hauteurs, volumes, notes, silence, mélodies, point d’attaque, contre-temps, impact, résonance, résonance de la résonance, arrêt, saccades, pré́-mouvement, énergie, pulsation, tempo, sources sonores, propagation, direction du son dans l’espace, partitions, scores, entrées-sorties, superpositions, entrelacements, sont des éléments avec lesquels le danseur joue. Le musicien aussi.
Le musicien peut aussi accompagner le danseur, le danseur peut accompagner le musicien, musiciens et danseurs peuvent s’accompagner ensemble, ou pas.

Peut-être d’avantage « s’accom-poser » ensemble.
Ils partagent ces étendues mémorielles, ces territoires d’impressions et d’expériences
accumulées et sans cesse rénovées par la fraîcheur de l’Instant.

Chacun d’eux, par son habilité, à la fois, s’amuse mais en même temps, se laisse traverser, et écoute intuitivement à la fois le chemin du son dans l’espace, dans l’instrument, dans le corps.
Plus habilement, l’artiste peut sentir les lieux du corps touchés précisément par le son via son impact, ses rebonds, ses pauses, sa texture, sa vitesse, ses élans, ses surgissements, son intensité́, sa qualité́, sa disparition, sa résonance, sa circulation, son enjeu sur nos cellules, nos mémoires, nos émotions, nos réservoirs enfouis.
Il peut juste se laisser toucher.
Le musicien ou danseur peut parfois même sentir les particules d’énergie(s) modifier l’espace et notre présence.
Il compose avec l’invisible.

Le corps et toutes ses couches et composantes – peau, tissu musculaire, liquides, organes, systèmes lymphatiques endocriniens…, rythmes internes, état, température, accueillent le son.
Le corps (bien entendu celui du danseur, mais également celui du musicien) est un résonateur, un canal au travers duquel le son circule, active et transforme notre présence.
Le danseur écoute comment le geste qui en découle, se place, s’invite dans l’espace au même titre que la note, que le son.
Comme un son gestuel, un son silencieux.
 
 

Contemplation et écoute de l’espace sont au cœur de l’improvisation.

Contemplation et écoute de l’espace sont au cœur de l’improvisation.
 
 

Attention portée, avec ce regard d’enfant, sur les phénomènes
 

La force de la confiance
 

Un corps paysage, un corps espace, un corps résonateur et résonant, un corps d’écoute.
Un état organique, sensible, poétique et un espace de création
 

Comment l’espace, nous offre la possibilité́ de créer, de transformer, d’être transformé.

Comment nos présences (musiciens, danseurs, publics) modifient l’espace, l’architecture, le son, l’atmosphère.

Et enfin, comment le dialogue entre le(s) corps et l’espace même s’établit.
Comment l’écoute, activée en chacun, transforme l’espace et par là même la composition.

L’écoute est à l’origine de la composition.
 

Comment, par cet accord organique, intuitif, sensible, musiciens, danseurs, poétes de l’instant, saisissons des phénomènes qui sont en train de se manifester, en même temps que surgit le sens, le sens de l’inattendu, de la composition, de la découverte et de l’écriture.

En tant que « performeuse » et artiste de la danse en composition instantanée, il m’intéresse ici de juste partager ce qui m’est apparu au sujet de la relation entre musique et danse, son et mouvement. Le mouvement dansé comme étant un mouvement sonore silencieux, une énergie dont la trace est invisible, mais saisissable par l’écoute portée. Et que le mouvement sonore est une trace audible, mais aussi un geste porté, issu du corps.

L’écoute est commune.
Elle est au milieu
 
 

Il y aurait tout un inventaire de correspondances évidentes, et sophistiquées relatant les particularités du son avec les particularités du geste : les complémentarités, les similitudes, en prenant en compte aussi les caractéristiques de l’instrument (sa forme, son matériau, sa résonance, son poids, sa maniabilité́ ou pas, sa texture, son origine, son utilisation, son son, et le son que chaque musicien crée et laisse s’exprimer).
 

Il y aurait aussi tout un inventaire possible de « scores » de sortes de codes qui nous permettraient de jouer ensemble. Mais cela fait partie plutôt du travail, de l’apprentissage, de la discipline que chacun raffine au quotidien dans son art.
 

Avant tout chose, c’est la question du phénomène qui se manifeste qui m’intéresse et comment l’écoute et la contemplation sont au cœur de ces manifestations avec lesquelles nous jouons ensemble pour composer dans l’instant.

C’est donc sur le comment nous pouvons porter notre attention sur ce qui nous est commun, notre terreau d’entente : notre présence, notre écoute, notre corps et l’espace

Et c’est juste un moment où nous allons ouvrir nos champs d’écoute. Et accueillir ce qui est en train de se vivre, en tentant de mettre de côté́ nos représentations, nos attentes, nos aprioris.

Mon corps laisse émerger la pensée, une connaissance, une re-connaissance.
Mon corps présent, mon corps dansant. C’est un jeu de mots et de corps qui s’expriment ensemble ici.
Mon corps conscient ou plutôt la conscience ou les consciences en mouvement dans mon corps accueillant.

Ce n’est pas une conférence à proprement parler, ni un atelier, c’est une autre forme que je ne saurai nommer. Vous devenez auditeurs, spectateurs, acteurs tout à la fois.

C’est donc une expérience de l’écoute, de l’attention portée. Du regard aussi.

Une tension vers

Un fil tenu, tendu et souple à la fois, vers ce qui se manifeste en soi et autour de soi, et de repérer, de noter peut-être ce qui est en train de se passer, tout en laissant émerger pour chacun cette question de la relation : danse et musique dans sa propre expérience.
 
 
 

L’espace entre soi et le monde.
Cet espace vivant, vibrant de l’entre, du milieu, de l’ouvert.
 

L’espace que nous partageons simultanément, danseurs musiciens, improvisateurs – poètes de l’Instant, de l’Instant fulgurant, du pas-sage du temps.
Temps- traversées
Espace de liberté́, de conquête de chaque instant – rafraîchies
Espace de dignité́ et de responsabilité́.

L’espace de l’écoute et de la contemplation offrant et partageant ensemble l’apparaître d’une manifestation qui survient en même temps.
Pré – ce qui précède – naissance, apparition, surgissement, déploiement, disparition d’un évènement (sonore, gestuel, ou autre) résonance – résonance de la résonance, saisis par notre perception et notre conscience.

L’écoute est commune.

Elle est au milieu
 

Être au milieu
Être au cœur
Être en relation

Nous sommes des êtres de relation et nous ne pouvons faire autrement que d’être en lien. En lien avec notre environnement, dont nous faisons partis intégrants.
Nous sommes un lieu, un espace dans un espace élargi : le monde
Un point au milieu d’une étendue
Un détail dans une globalité́
Un petit « tout » dans un corps sensible,
Un lieu de passage
de traversées
Un territoire unique s’osant à accueillir
et partager, par le jeu du sensible
Un espace commun où le geste, quelque que soit sa forme (dansée, sonore, picturale) est projetée de l’instant et s’inscrit dans une écriture radicale et éphémère.
Une écriture de l’ensemble – de l’unité́.

Notre corps est une étendue d’écoute, de vies, de palpitations, de pulsations, de battements, de flux incessant. Nos cellules se renouvellent sans cesse en même temps que d’autres meurent. Apparition et disparition tenues ensemble.
Nous sommes composés de rythmes, de larges oscillations, qui résonnent d’avec le monde. Un paysage intérieur sonore et, impulsé par ce battement vital, un souffle irradiant dans tout notre corps, qui à son tour résonne de notre être, de notre histoire, de notre identité́, de notre culture, de ce qui nous constitue.
Flux et reflux.

Transformation(s)
Trans-mutations
 

L’espace en nous écoute le battement du monde, et l’espace nous écoute
Porosité́.
C’est déjà̀ un dialogue silencieux, comme en sourdine –
une « respiration » universelle, connue et reconnue par chacun d’entre nous.
Un mystère aussi.
Une friction irrémédiable de l’inconnu et du connu.
Et c’est avec ça, que nous évoluons, que nous composons, que nous improvisons. L’insoupçonné́.

Nous découvrons et raffinons notre Sentiment de l’espace
à chaque fois !
Nous actualisons dans l’espace-temps du présent, avec pourtant tout ce que nous détenons, ce que nous savons de nous-mêmes, ce que nous ignorons. Nous jouons entre à la fois reconnaître, oublier, mettre de côté, faire abstraction, inhiber, renouveler, innover, construire et « dé-construire ».

Nous naissons dans l’environnement, nous survivons et vivons de cet environnement, de cet air. Nous respirons le monde dès notre arrivée, nous nous adaptons, et nous faisons preuve d’une grande inventivité, pour entretenir cet espace de rencontre, créer au mieux possible un juste équilibre d’une unité d’avec le monde et d’une distinction.
Un dialogue de l’altérité

Notre corps respire, inspire, expire, fait des pauses naturelles. Nous nous laissons inspirer, nous nous laissons expirer, nous nous laissons nous déposer dans notre silence.
Notre pulsation interne bat au creux de notre monde, bat vers le monde, bat du monde, bat simultanément et en résonance d’avec le monde…
 
 
 

L’espace nous offre l’écoute
L’espace est écoute
L’écoute est espace
L’espace invite
L’espace dévoile
 

Nous co-habitons ensemble avec l’espace, des inséparables – indéniablement. Nous, danseurs-musiciens, improvisons à partir de cette co-habitation.
Nous prenons en considération les composantes du milieu : l’humeur, les couleurs, les formes, la lumière, les trouées et remous de l’air, l’énergie, les odeurs, les matières, les sons, les êtres vivants, les souffles, les frottements, les déplacements, les plantes, les animaux, les humains, les minéraux, les objets, l’invisibilité, les présences-absentes, les mémoires, l’architecture sont de riches supports, plutôt de véritables partenaires à notre composition. A nos improvisations. Impropositions, impromptusition, position- com
Perception large et subtile.
Nous nous tenons au courant.
Nous nous laissons porter par le flux. Et nous nous tenons prêts à jouer des apparitions-disparitions.

Origine du surgissement d’un geste premier, source sonore ou/et dansée, propagation, rencontre, conditions du milieu, l’écriture instantanée se révèle dans cette complexité simultanée.
Ce n’est pas une relation binaire (parfois oui) – musique et danse, son et mouvement, mais ternaire voir à quatre temps, même expansive-dilatée-contractée : espace artistes publics ensemble tendus dans (vers-avec-pour) l’écoute.

C’est aussi une relation du lointain, et du proche, de l’Ici et de l’Ailleurs, en lien avec la pulsation souterraine au travers de la gravité, et de l’air.
Un ici et maintenant d’avec le jadis et l’ad-venir.
Un air du temps !
À contre-temps
 

Et notre présence (ce corps présent), résonnante de cette diversité́, à son tour transforme ce qui nous entoure.
Récepteur émetteur à la fois
transmetteur – transm-être
Aller retour – dedans dehors –
Mouvement concentrique et excentrique
Dilatation rétraction expansion
Fabuleuse et naturelle vie de la cellule.
Battement physiologique
Expression du vivant.
Organicité de l’écoute.

Dévoilement du sens par l’écoute.
 

L’écoute est une activité, une capacité qui nous est donnée, un mouvement en soi, un éveil, un acte, une saisie de ce qui est.
Un état         de non vouloir.
Être prêt à.… être tendu vers !
À l’affût, un aguet

Un état d’être soi, hors soi, simplement, disponible à ce qui émerge, arrive là et s’enfuit presque aussitôt. Il y a déjà dans l’apparition sa disparition. C’est notre attention qui la rend vivante, réel à nous-même, existante dans l’espace, élément de composition. Le surgissement et son voyage dans l’espace devient entité, matériau de l’écriture fugace laissant en même temps révéler la matière du temps.
 
L’écoute nous permet à nous, entre autres, artistes, de créer, et de pouvoir saisir ce qui se manifeste, au plus profond de nous, en dialogue avec l’environnement, en lien avec le monde (ou/et une idée, un paysage, une personne, une émotion, une situation, un événement, une nécessité, une absence, un questionnement, une impulsion, une vague intuition, des réminiscences un quelque chose qui nous touche ou pas,
 
a mystery, an “it”, a question without answer).

Un plaisir pur.
 

Nous composons avec, dans, autour, à l’invitation du milieu dans lequel l’improvisation se dévoile.
Tout est là, à portée d’oreille, à fleur de peau, à juste prêt à, juste l’être-là
Agilité intuitive et cognitive, vivacité d’une conscience activée par l’écoute pour capter ce qui est, ce qui se pressent avant même la manifestation, dans l’air. Silencieusement, au travers d’une pulsation souterraine et aérienne déjà là, musiciens danseurs – poètes de l’instant, nous nous pré-disposons à procéder intuitivement à un état des lieux immédiat. A laisser venir à notre conscience et notre perception l’état d’esprit

de cette écoute du silence, ouvrant l’espace

Que nos corps disparaissent (ou du moins la sensation de notre corps) pour ne laisser apparaître que le phénomène de l’essence du son, de l’essence du geste au travers de nos actes créatifs et donner existence à ces jaillissements joyeux : les pièces improvisées.
Les uniques écritures poétiques de l’Instant et de l’Espace, qui s’offrent au vide et disparaissent aussitôt, ne laissant dans l’air, qu’une Unité évidente, un accord irrationnel et mystérieux ou peut-être grâc(e)ieux.

Ces enchantements insaisissables, saisissables et disparaissables, rejoignant dans le même moment, en un sourd cheminement en nous, un lieu de notre corps. Tels les songes se glissant vers d’autres zones du cerveau.
Transmutation physiologique d’un ailleurs, d’un « ça » mystérieux et délicieux qui nous crée nouvellement, à chaque expérience prégnante.

Des migrations de mémoires-vivantielles qui nous deviennent, nous animent, nous ramènent l’ailleurs dans les tissus de nos corps, nous déshabillent et nous rhabillent. Car n’est-il pas une mise à nue si nue que de se dépouiller de ce qui nous fait, pour nous laisser « porositer » d’un mystère innommable, nous laisser bouger par ce qui échappe et nous saisit ? Nous laisser devenir un autre-soi sans se perdre non plus.

Sans perdre pied, mais toujours en laissant frôler-frolattrer en nous cette folie, cette fantaisie irrationnelle permise ici dans le maintenant de l’écoute large, dans ce jeu d’enfant grand.

Métamorphose
 
 

 

Partie 2 :
le son – l’écoute – le geste
dans la composition instantanée
une phénoménologie du corps sensible

Comme le monde est large
Et comme notre écoute peut être infiniment grande et raffinée
C’est une disponibilité
Un état
L’écoute est un acte
Un acte de présence

Ici, l’architecture spatiale, sonore.
Le paysage, le milieu avec ses particularités, ses composantes.
Un espace précis, situé, dans un espace-contexte, plus large

Considérons le tout
Le lieu même, ici et maintenant :

  • La salle ou l’espace de jeu (avec les présences sonores, olfactives, tactiles, visibles, invisibles, humaines)
  • Et l’espace élargi, l’étendue : plus loin que la salle (le village, les montagnes, les rivières, reliées au paysage d’ici qui s’étend jusqu’à la mer, jusqu’aux autres continents, le proche relié au lointain par la terre, par l’air)

Et revenons ici et maintenant
Dans le présent
Pour apprécier littéralement ce qui est
Ce qui se vit
Écoutons cet espace
Écoutons cet espace nous bouger Dans l’immobilité́
Écoutons le phénomène

Laissons nos sens s’éveiller. Nos cellules adorent ça
Elles sont joyeuses lorsqu’il est laissé la place au corps d’écouter
Attention douce portée sur l’instant
Laissons les sons nous parvenir
L’espace entre les sons
L’espace entre les silences
L’espace du silence composé de sons
Les sons entourés de silence
Les sons proches, lointains
Écoutons le sens (insensé) se révéler du silence
Se soulever de lui-même

Écoutons notre respiration, nos battements
Écoutons nos rythmes au milieu des sons architecturaux, de l’espace
Écoutons les mouvements de notre Vivant

Écoutons l’autre, les autres, dans l’espace, en train d’écouter
Écoutons l’écoute

Écoutons le tout comme une large partition de sons qui cohabitent ensemble
Qui participent ensemble
Et,
Notre présence au cœur
Notre attention tournée, activée

Qu’est-ce que ça change
en nous
Dans l’air
Dans l’atmosphère
 
 
 

Le corps est présent
Par là même notre conscience
Présence _ Participation
Nous actons, plus que nous sommes acteurs
Nous participons d’avec ce que nous sommes
Et nous sommes différents
De ce fait, nous participons différemment d’avec notre écoute
Et notre regard sur le monde est différent
Notre écoute est variable
Selon chacun, selon notre humeur, notre état, nos émotions, les conditions etc.
Notre propre écoute est sans cesse en train d’évoluer
Et notre regard sur le monde évolue en nous
Malgré nous, en dehors de nous-mêmes
Nos gestes se modifient
et comme nos écoutes sont si différentes, danseurs, musiciens, improvisateurs, nous nous enrichissons de cette diversité. Le partage est une des saveurs de l’improvisation. Nous goûtons à ça.

Pourtant nous avons des résistances, des habitudes
Et c’est en tentant de nous éloigner de nos résistances, de nos attentes, que nous pouvons accueillir, innover, oser, nous étonner

 

L’improvisation est l’expérience de la découverte.
Nous découvrons la découverte en même temps que nous nous découvrons.
L’improvisation est l’expérience du dévoilement.

C’est très dynamique
nous devons être vifs, agiles, et tranquilles pour « survivre » à cette fulgurance, à cet éphémère.
 

Nous osons cette vulnérabilité́, cette force fragile
cet intime délivré́ à l’espace
ce retentissement lointain jusqu’ici
cet état présentiel
phénoménal
 
 

le moment de la composition

Une embarquée
C’est déjà̀ un mouvement en soi
Qui dit mouvement dit changement
Changement
Présences     absences
Mobilité́     immobilité́
Sons     silences
Le vivant
La manifestation du vivant

La danse est l’art du silence en mouvement
La danse est l’art sonore inaudible
La danse est l’art du geste de l’écoute
La danse est la musique de l’élan intérieur
La danse est la calligraphie de l’espace, dessinant et sculptant des paysages invisibles
La danse est la capacité de laisser vivre l’espace entre
Entre soi et l’espace autour

La danse, en composition instantanée, c’est comme laisser vivre l’espace du vide
L’espace du rien


Le sourd retentissement

La musique est l’art du silence en vibrations audibles
La musique est l’art du mouvement sonore
de la modulation visible et audible en même temps
La musique est l’art de l’écriture de l’écoute
La musique est la voix de l’élan intérieur
La musique est cette respiration large calligraphiant l’air, dansant avec lui
dessinant des paysages sonores et invisibles
elle s’écrit dans l’espace
elle le sculpte

Danse et musique se situent là

ensemble, ou plutôt en même temps

sans pour autant « jouer harmonieusement ensemble »

Danse et musique jouent ensemble ici de l’évidence
 

Et
laisser apparaître
L’émergence d’un inconnu
D’un étonnement
Se laisser traverser
Capter

Saisir

Imaginer

Construire déconstruire
 

Composer

Ré inventer un espace nouveau
 

Une poétique de l’instant
 
 

Pour cela, c’est une expérience sans cesse renouvelée
elle se partage, se nourrit en multipliant les possibles

des désirs, des rencontres, des rêves, des intuitions, des aspirations, des affinités, des élans du cœur, des conditions fortuites ou aléatoires, des contextes, des âges.

aucune fixité
rien n’est dans le figé

Composer dans l’Instant suscite une capacité à stimuler nos sens, notre perception, notre imaginaire, notre fantaisie, nos sentiments, nos pensées, nos émotions, nos concepts, notre intuition, nos rêves, nos désirs, notre savoir, nos idées pour créer.
 

Écrire dans l’instant suscite une adaptabilité à ce qui se présente, se pré-dispose.
 
 

Une disponibilité à être
Sans attente du résultat
Mais simplement se laisser entrainer par le voyage du mouvement qui est en train de se manifester (mouvement sonore, pictural, musical, corporel, vocal, visuel, etc..) et le saisir en même temps, avec pour visée peut-être celle d’élaborer une composition.

Être dans le processus même et écouter ce processus en train d’exister
Contempler
La danse est une contemplation
Une méditation dynamique de l’esprit et du corps présents

La musique peut être une écoute de cette nature-là,
une écoute « réversible », écoute miroir presque
Danse et musique se regardent, s’observent, s’apprivoisent, se distancent, se rapprochent, co-habitent, s’accordent, ou pas
elles vivent ensemble dans une écoute contemplative, au cœur et avec un espace.
 
Nous ouvrons un espace en nous-mêmes, et autour de nous ; nous invitons l’espace même à rencontrer notre espace interne, et à laisser notre espace interne résonner dans le monde.
Et
écouter la résonance de la résonance
L’écoute de l’écoute
C’est peut-être ça « créer dans l’instant »
C’est une expérience de ce qui échappe
Une traversée, se laisser traverser,
Subtile expansion de l’ouvert
 
Accueil de l’inconnu
Reconnu
Se sentir acter
Responsabilité de participer à l’œuvre qui est en train d’exister
 
Nous sommes là, juste un élément parmi d’autres éléments, un paramètre vivant parmi le tout, nous sommes des êtres conscients de ce qui se crée.
 
Humilité
Humanité
En dehors de toute hiérarchie,

Danseurs et musiciens nous nous tenons ensemble sur une ligne ou un point, qui se dilate et se soutient d’avec la gravité, d’avec l’air, d’avec l’univers.

Lignes et ondes expansives vers un infini
Constellations mouvementées.
 
 
Pour cela, danseurs et musiciens laissons ouverts les possibles du moment

–    nous partons de notre corps
 
–    nous faisons l’état des lieux en repérant ce qui est autour de nous, en nous rencontrant
 
 
C’est un bonjour
Une sorte de salutation
 
une reconnaissance du Vivant
gratitude de l’instant
 
le corps : véritable cartographie

une architecture à lui tout seul
un paysage sonore audible et non audible un corps rythmique
un langage infini
un territoire immense
en renouvellement
un monde à part entière
un phénomène<:p>

l’espace sonore : véritable cartographie

une architecture à elle seule
un territoire immense, sans cesse en changement
en renouvellement
un monde à part entière
un paysage
un phénomène

la rencontre : l’interaction est immense

le champ des possibles infini
les variantes aléatoires
les compositions multiples
les accords probables et improbables
les gestes insoupçonnés- inimaginables
les correspondances (ou pas) spatiales, temporelles, énergétiques, émotionnelles, culturelles démultipliées.
Les accompagnements variés
Le champ acoustique élargi
 
 

Comment, peut-être, mieux se saisir de ce qui est à portée
 

L’écoute
l’espace de rencontre entre le monde interne – notre corps – et le monde externe, ici, le paysage sonore- gestuel
 
–   l’écoute interne
en relation avec le son
 
–   le corps
 

Je tente ici, par des « paramètres » qui m’apparaissent fondamentaux mais non exclusifs, de proposer une sorte de décryptage de comment le corps/esprit se mettent en jeu pour créer dans l’instant en lien avec cet espace (sonore)
 
Je cite ici d’une manière très succincte ce que chaque paramètre peut entrainer et stimule comme capacité à être en lien avec cet environnement :
Je pars de la constitution du corps physiologique et anatomique d’abord, des capacités pour s’étendre vers notre esprit, nos sentiments, notre affectivité, notre créativité
 
–   l’oreille, la peau, les muscles, les os, les articulations, les sens, la perception, les sentiments, l’imaginaire, la fantaisie, la contemplation et la poétique
 

L’oreille : sens de l’audition architecturé en forme d’entonnoir spiralé, laissant passer les sons, sous forme de percussions et vibrations dans le conduit auditif, vers le cortex, par des impulsions électriques ; toute une terminaison nerveuse communique, traduit et reconnaît les informations venant du monde externe
 
l’oreille : centre de l’équilibrage – oreille interne
 
Nous nous tenons en équilibre par l’écoute
Entre équilibre et déséquilibre constant
 
Vacillement de l’écoute
Une danse musicale infime qui chuchote en nous les secrets de la gravité et de l’alliance de l’air d’avec la terre
 
L’oreille : petit récipient, creux, dans lequel se loge un liquide. Ce liquide accueille les sons. Il est transvasé et sans cesse en quête de retrouver l’horizontalité. Pourtant, dès que le corps bouge, le liquide est ballotté, presque un renversement en soi. L’écoute est sans cesse renouvelée.
Inconstance permanente
Dès que nous bougeons, nous offrons à notre oreille une multitude de nouveaux possibles. Oreille et niveaux de l’espace jouent ensemble. On n’entend plus de la même manière allongé, debout, assis, à quatre pattes, en sautant, en pivotant, en écoutant.
 

la peau : membrane poreuse, laissant traverser les particules de l’air, les filtrant, les écoutant.
La température, l’oxygène, l’humidité, l’atmosphère, les matières, les vibrations, l’humeur dans l’air sont captées par elle
La peau relie et sépare du monde externe
La peau frontière – lisière offerte
La peau matière vivante et sensible
En éveil permanent
Frissonnante
 
À l’écoute vibrante
Activité de la peau
La peau écoute le monde dans lequel notre corps se meut, se ressent
Où notre présence a lieu
 
L’écoute par la peau, dans le corps, dans mon corps dansant, stimule une écoute en douceur, ronde, vaste. La peau qui écoute s’élargit de partout, tout autour. Elle enveloppe. Elle caresse, elle effleure, elle glisse, elle traverse, elle s’étend à son tour, se rétracte aussi, elle adoucit les tissus du dessous, elle enrobe le monde, elle s’arrondit du monde ;
Elle s’accorde
Elle s’ouvre et accueille même ce qui est « désagréable »
La notion d’agréable et désagréable est mise de côté pour laisser la place à l’acceptation de ce qui est
La peau laisse le voyage de la vibration du son pénétrer jusqu’à elle
Elle l’accueille sans a priori
La peau reçoit
Simplement
Elle invite le monde du dehors à se glisser, à entrer dedans, à être filtré aussi
 
L’écoute par la peau est celle de l’écoute de l’enfant. Dans un étonnement doux, naïf
 
Elle est subtile
Elle décèle les recoins
Elle reçoit le moindre son, même inaudible
Elle touche l’invisible et est elle-même touchée par cet invisible
 
 
Le corps immobile et le corps en mouvement
L’un en statique apparente
L’autre dans une mouvance qui change l’appréhension du monde autour
Le corps entrainé dans l’espace déstabilise l’écoute, la modifie, la dynamise.
Tout va très vite. L’écoute est dynamique et s’amuse de ça.
   L’oreille interne s’adapte sans cesse, la peau prend le relais au retard de l’équilibre
La peau nous soutient, communique sans cesse et crée le passage entre dehors et dedans
Les sons la percutent, la font vibrer, la caresse
La peau peut se rendre disponible (bien-entendu selon la capacité de l’esprit à accueillir et être prêt à…)
L’oreille parfois non
Les oreilles ne portent pas de paupières comme les yeux
Elles ne se ferment pas mais toutefois, même constamment ouvertes-offertes, si l’attention de notre esprit n’est pas participative de l’écoute, alors nous pouvons faire abstraction de certains sons.
Et même parfois, avoir le sentiment de ne plus rien entendre.
 
L’écoute par la peau se faufile entre son et silence
Elle fait office de liant
C’est un continuum d’écoute
Elle est large cette enveloppe et la largesse du monde la reconnaît
Ils explorent ensemble l’immensité
Une sorte de totalité
L’écoute de la peau est globale
Même si parfois un son touche une zone précise, un détail du corps global, très vite tout le reste est touché
Il y a une immédiateté
Elle est comme l’onde, elle irradie
L’écoute par la peau est comme une eau, un flux
L’écoute par la peau propose d’emblée le double mouvement : ma peau touche le monde, et le monde est touché.
(Je suis touchée du monde qui est touché !)
 

La peau, organe, écoutante, renvoie à son tour à l’espace-autour : une énergie ; la chaleur du corps se modifie, et les particules d’énergie du corps se propage à l’air. L’air écoute la peau, il reçoit les informations et se re constitue d’elles.
L’air est le liant avec les objets, avec les instruments, avec les musiciens, avec le son
L’air est l’espace même
L’espace écoute notre présence, les présences
Les sons voyagent dans l’air sous forme de particules en vibrations
Les vibrations viennent jusqu’à la peau,
Les vibrations énergétiques du corps voyagent dans l’air et rencontrent les vibrations du son
Les vibrations entre-elles se rencontrent
Le son écoute notre présence
Notre présence transforme le son
Comme le son transforme notre présence
Aller retour
Dialogue permanent qui parfois nous échappe
Le corps, lui, reconnaît
Connaissance innée
reconnaissance tactile, vibratoire
dialogue invisible
dans l’air
du temps
à fleur de peau
à fleur de matière sonore
à fleur d’air
l’écoute affleure
affleurer : apparaître à la surface
 

Les muscles, écoutants de l’espace

Masse profonde du dessous
Les muscles s’étirent, se contractent, répondent aux informations des ligaments, des terminaisons nerveuses, en soutient d’avec le squelette, via les tendons, ligaments, fascias.
L’écoute est plus profonde, plus pénétrante
Elle est dense
Épaisse, extensible, maniable, élastique
L’écoute là encore est dynamique, mais peut offrir une autre temporalité que l’écoute par la peau.
Là, les sons parvenant jusqu’à eux, ont déjà eu le filtre de la peau, et sont comme impactés. Les sons rebondissent, percutent, pénètrent, se diffusent en suivant les stries profondes, les ridules ouvertes. Les sons sont pétris, malaxés, comme atomisés. Ils sont comme entourés des milliers de fibres musculaires, parfois ils sont comme retenus prisonniers en un lieu.
L’écoute par la masse musculaire est comme une absorption vers les tréfonds indicibles.
Elle offre à la danse une empreinte sonore et tissulaire silencieuse, dense.
Elle donne à goûter au détail, à la masse, au plein d’une zone, par l’impact du son, habitée de l’étrange, de l’inattendu.
L’écoute par la masse musculaire échauffe, elle est charnelle.
Peut-on parler d’une écoute charnelle ?
La peau : écoute subtile de l’invisible
Les muscles : écoute charnelle
Le squelette : écoute structurelle et résonance

Les fascias, écoutant de l’indicible

Ramifications multiples et aquatiques, les fascias sont un circuit subtil et incroyablement riche d’une multitude de chemins, alternant filaments et capillaires si fins, avec des « gouttes en creux », où l’écoute se faufile, s’attarde, fuse, à une vitesse insoupçonnée, une vitesse proche de la lumière, une écoute lumineuse et radiante.
Elle échappe à la rationalité et à la maîtrise.
L’écoute par les fascias est une dentelle de lumière.

Les os, le squelette, écoutants de l’espace

Architecture sophistiquée, charpente solide et souple à la fois, elle nous tient debout
ou pas
Elle est complexe et propose des lignes, des segments, des courbes.
L’écoute par les os offre la résonance au plus profond de nous.
Les os accueillent les percussions, les vibrations et les font voyager dans les creux, les interstices du spongieux de la constitution des os, pour les dissoudre, les absorber, les « réverbérer » ailleurs dans le corps.
 
L’écoute par les os vise le noyau de la cellule
 
Le squelette est comme une chambre d’écho du silence résonant
Un lieu dense, d’une intensité atomique, nucléaire
Les sons extérieurs rencontrent là, en profondeur nos sons internes
Ils communiquent entre eux et se reconnaissent, se découvrent
Ils parlent un langage commun, atemporel
L’écoute osseuse est atemporelle
elle est implosive aussi.
 
 
Elle peut s’attarder là
L’écoute peut s’étendre dans l’immobilité
éternité éphémère de l’écoute immédiate
 
Elle pourrait durer
 
L’écoute osseuse est relayée par le jeu des articulations et des ligaments, des nerfs ainsi que les liquides et les organes.
Sans eux, elle ne parviendrait pas à conquérir les os, ni à voyager ailleurs, dans le corps et même au-delà du corps
Là encore, tout un réseau de communication d’un raffinement sophistiqué.
un rhizome, des racines, des tubercules
des ramifications de la peau à l’os partagent l’écoute, la diffuse, la clarifie.
L’écoute par les os est limpide, sans concession
presque brutale, archaïque.

La colonne vertébrale

Structure interne profonde, tige flexible tel un bambou humain flottant au dedans
Ligne souple, serpentant à l’intérieur de nous-mêmes
Ses courbes douces nous offrent des possibles – multiples
Flexibilité
Directions, extensions, flexions, rotations
C’est formidable
C’est là, à portée
Elle ne demande qu’à
Même si elle peut être tordue pour certains, figée, cassée, ou encore fragilisée, elle sait se mouvoir par l’attention qu’on lui accorde
Elle est déjà une danse interne, profonde, infime qui se déploie au travers du corps, dans l’espace
 
Et puis, elle est elle-même constituée d’espace,
Espace entre les vertèbres,
Disque huilé avec en son cœur le noyau
Telle la cellule
Une petite bille précieuse qui roule, s’ajuste aux moindres de nos mouvements, même touts petits
C’est pour ça qu’il est toujours possible de bouger, de danser, même si ce n’est pas visible
C’est un doux roulement, jeu de glissement perpétuel

                        Une colonne vertébrale elle aussi composée de plusieurs éléments, intelligemment organisés, de forme différente, de taille différente,
Ici, on découvre toujours d’autres possibles
L’écoute permet de suivre le mouvement de la colonne
Cette flèche aux deux extrémités
Le coccyx pointant vers le sol, tel un fil à plomb, jouant avec la gravité
tel un pendule repérant l’advenir à partir de notre longue ancestrale historicité, cette vertèbre qui fut un jour jadis une queue
Et la première vertèbre érigée à l’arrière du crâne
Élégance de la ligne courbe et verticale
Posture digne de nos ancêtres qui se sont dépliés, déroulés, avec force et fragilité, tel les jeunes branches des fougères, vert tendre, ballottées par les intempéries au milieu d’une forêt dense
La colonne – trait d’union entre la partie supérieure et la partie inférieure du corps Communication entre le haut et le bas
 
Elle visite l’espace du dedans en laissant se dessiner une forme du corps reliée à l’espace
Tracés des lignes
Calligraphie vivante – trait pur, unique et universel
Architecture humaine dans l’architecture de l’espace
 
La conscience de la colonne propose la clarté de là où on se situe
Elle nous met en lien, du plus profond vers la surface, l’environnement, l’autre L’écoute par la colonne est cet élan dressé vers le ciel et ancré dans la terre
l’écoute est élancée
en inconstante stabilité dynamique
double mouvement du haut et bas qui jouent ensemble
dans une flexibilité multi-directionnelle
l’écoute est là de tous côtés
une écoute aux aguets
oreille et colonne reliées ensemble dans cet instinct primaire et primate ramifications nerveuses et colonne raccordées ensemble de la périphérie à la profondeur humaine

Les articulations, écoutantes de l’espace

Les articulations et l’autour, sont le lieu de passage
C’est l’espace vide (mais toujours plein)
L’espace de liberté
 
Mécanisme, rouage, glissements, liquidité, là encore nous assistons à un véritable jeu d’emboîtement, de ramifications, de connexion, de rythmes. Un réseau parfait de communication.
Les espaces-mêmes écoutent
Ils écoutent, relayent, permettent la circulation du mouvement, le voyage de la vibration.
Un espace ouvert en soi
Un lieu d’écoute fine, et complexe offrant une multitude de possibles, de nouveaux chemins à emprunter
Les sons sont entraînés comme un flux, ils jouent dans l’attente joyeuse du mouvement suivant, ils séjournent juste le temps de trouver une nouvelle voie à emprunter.
 
L’espace articulaire est le lieu sensible d’une écoute empreinte de liberté
L’écoute de l’ouvert, des possibles
Il y a là des écoutes et l’écoute de ces écoutes
Une écoute très subtile et joyeuse
une écoute troublante et saisissante
car, le moindre tout petit mouvement provoque un grand bouleversement et c’est beaucoup d’émotions à ce moment-là de l’écoute
il y a tant de possibles, tant de mystères, d’inattendu
l’écoute au travers des articulations est déroutante et pourtant si savante.

Les organes

Cœur battant, valve pulsation, lenteur du foie, acheminement des intestins, filtre des reins, reproductions de l’appareil génital, rate, aération des voies respiratoires, ouvertures fermetures, tri, l’écoute est ici rythmique, involontaire, primaire, ancestrale et actuelle.
  L’écoute des organes vient rencontrer le lointain passé, le Jadis d’avec le présent.
L’écoute rejoint celle des cellules.
L’écoute est mémoire présente.
 
Mémoire cellulaire et mémoire à venir semblent dialoguer là, au creux de cette écoute très basse et humide, presque basique, primale. Primordiale.
 

Les liquides

Un océan en soi
un océan d’écoute constitué de flux et de marées
de cycles et de changements
de rythmes et de couleurs
bleues, rouges, transparentes
des méandres incandescentes, phosphorescentes, lumineuses
des lacs et des rivières, des veines et des artères, du plasma et du liquide intercellulaire, matrice extra cellulaire, liquides des interstices, des creux et des pleins, des infiltrations et des recoins, un paysage foisonnant et organisé ensemble,
des liquides qui s’oxygènent, se purifient, se filtrent, se transforment, s’expulsent, se régénèrent, se salissent, s’éclairent, se diluent, s’épanchent, stagnent, s’infiltrent, se logent, se répandent.
   L’écoute par les liquides et leurs véhicules est une écoute mouvante.
Les sons y sont étouffés, dilapidés, absorbés, transmutés, incorporés, ballottés, épanchés déménagés, « résonnés », réverbérés, impactés.
   L’écoute est fluctuante. Elle se joue de notre adaptabilité. Elle est un mouvement instable avec lequel nous savons faire un continuum de flux incessants
un mouvement si ancien,
un mouvement du corps humain, un mouvement du corps vivant, un mouvement des océans et des premiers vivants et survivants
l’écoute est ici primordiale
matricielle
elle provoque des marées d’errance et de sauvetage
des résonances désarçonnées
des gestes d’un jadis actualisé de ce que nous sommes aujourd’hui
un océan d’écoute que la peau retient, inhibe et qui pourtant se laisse entrainer par le flot des humeurs de l’extérieur.
L’air est alors un bon compagnon pour atténuer ces marées de mouvances et de résonances
le son venant de l’extérieur s’y aventurerait-il sous l’apparence d’une peau presque tranquille ?
Le danseur se tient là, au bord de ce tsunami, avec lequel il navigue, son écoute pour gouvernail.

Les veines, artères, capillaires : réseaux de circulation, communication

  Toute une complexité de ramifications qui irriguent nos muscles, fascias, organes, peau, de liquides colorés. L’écoute en est raffinée et flottante ; presque une écoute en
flou !
Une sorte d’écoute vague, tout en remous, en flux et reflux. Une écoute marine, une lave épaisse et fine selon les passages.
 
L’écoute est comme multiple, elle est de partout, « désorientée », en errance presque
Et pourtant si organisée.
Écoute mouvante.
 
Remous de l’écoute

Les nerfs :

une arborescence de filaments lumineux, du tronc vertébral à la surface de la peau, parcours électrique, à une vitesse vertigineuse.
 
L’écoute est indomptable, presque réflexe. Le mouvement est animé sans que la pensée n’ait le temps de le voir ni arriver, ni passer. C’est déjà fini.
L’écoute est presque atomique, si rapide.
L’écoute de l’instant instantané !
T

Nos sens, écoutants de l’espace

Éveillés par ces écoutes, nos sens sont stimulés à recevoir plus encore
Ils sont gourmands !
Synesthésie, nos sens se parlent entre eux, tantôt plus en éveil, tantôt s’épousant l’un avec l’autre, tantôt se distinguant, tantôt encore laissant apparaître des formes, des flux d’énergie.
 
L’ouïe n’est pas l’unique concernée (je porterai l’accent aussi sur le regard vers le geste)
A partir du moment où nous nous laissons toucher, le sens du toucher est touché !
Dès que nous bougeons, le monde bouge autour de nous et le regard est changé. Dès que nous écoutons, nous goûtons à notre pleine présence ici et maintenant. Nous savourons d’exister au cœur du monde.
   Nous créons un paysage nouveau, et notre sentir nous guide, intuitivement.
Tout est source de création, de repères, de composition(s)
 
 
 
Nous laissons jouer l’imaginaire, les sentiments, les émotions, les espoirs, les images, les souvenirs, les visions, la folie, les rêves, les trésors enfouis, les mémoires anciennes, les connaissances, l’histoire, les références, le quotidien, les absences, les désirs, les oublis, les paysages d’ici et d’ailleurs, les êtres croisés, aimés, les rencontres, les couleurs, les saveurs, les odeurs, les sons.
 
L’usuel devient inusuel,
L’ordinaire devient extra-ordinaire. L’extra-ordinaire devient notre ordinaire.
 
Tous ces « ingrédients » abondent en nous
Ils se stimulent d’avec le monde
Le son vient directement toucher notre monde interne.
   Nos sons, nos rythmes, notre énergie, nos sentiments, notre être.
C’est l’alliance des résonances
 
Le geste s’en saisit.
L’énergie du mouvement se propage, les vibrations circulent et s’entrecroisent.
 
L’énergie de la matière en mouvement (s).
 
 

L’espace autour, l’écoute externe
. Perception, écoutante de l’espace

L’écoute ouvre les interstices de notre monde interne
En ouvrant ces interstices, elle crée un sentiment d’être en accord
Alors dans cet accord tangible il y a une correspondance de fait, immédiate avec l’environnement.
Le paysage, dont nous faisons partis, devient infini
 
Le paysage-espace « désire » ou plutôt devient réel juste d’être écouté, d’être regardé, contemplé, intégré dans son ensemble
Tout est là, et l’acte d’écoute est ce véhicule nous permettant de voyager dans cet espace-temps, qui nous permet l’intégration de l’unité de l’espace, dont nous ne sommes qu’un élément.
 
Espace en soi et espace en dehors de soi établissent indéniablement une relation.
L’écoute de l’écoute ouvre encore plus large l’espace de rencontre. Elle le précise, le ciselle, l’entend. ça se passe comme en dehors de soi.
L’espace de l’écoute devient autonome.
   L’espace de création ouvert.
L’espace de liberté conscient.
 
 

Le son, le temps

L’écoute de la durée
L’écoute de la durée d’un son ou d’un geste offre le déroulé du temps et de ce fait, les probabilités et les micros évènements du son : fréquence, intensité, masse, amplitudes, effets, oscillations, vagues, hauteur, timbre, volume etc…
Elle propose la traversée du temps. Elle donne à sentir un ce qui précède, un début, un déroulement, une fin, une résonance et la résonance de la résonance
Passé      présent      futur      et tous les glissements du passé dans le présent, du présent vers le futur du présent dans le passé du temps qui n’est plus du temps n’existant pas du temps perdu du temps retrouvé du temps comme un espace où nous sommes existants.
Le temps du vivant.
L’écoute du vivant.
 
L’écoute du Temps est une prédisposition immédiate de la composition.
La composition comme une écriture de ce mouvement de l’écoute.
Une pulsation sourde au dedans de l’espace, dans la terre, dans l’air, en soi.
Une écoute de la relation des pulsations qui battent ensemble et qui, à la fois, se distinguent et créent une Unité.
L’écoute du UN
 
Une partition large de l’Unité dans laquelle les événements cohabitent, ponctuent, soulèvent, attaquent, rassemblent, s’éloignent, se distordent, s’assemblent, se font et se défont, se jouent ensemble seul(s) ou seul(s)-ensemble…
Des événements sonores, gestuels, qui dialoguent ensemble avec leur spécificité, leur différence, leur « assemblance ».
Des événements qui, trouvant leur origine et leur vie à la source de l’écoute peuvent alors facilement s’éloigner, être côte à côte, ou pas. Mais ils viennent de ce même lieu.
La racine de l’écoute.
Autrement dit la radicalité de l’écoute.
 
 
Tous les chevauchements, les croisements, les étirements, les phrasés d’un son ou de sons donnent à « imaginer » les trajectoires du son. Il en va de même pour la durée d’un mouvement, ses trajectoires. Nous pouvons écouter cela, cette musicalité du mouvement et nous pouvons aussi utiliser notre regard. « Voir » le temps.
L’entre-voir
Regarder les durées, observer dans le geste du danseur la temporalité. Cela se joue dans l’énergie du geste, sa forme aussi, ses accents, ses nuances à l’intérieur même d’un mouvement, le phrasé du mouvement, les qualités, les suspensions, les arrêts, les élans, les ralentissements, crescendo- décrescendo, musicalité, etc…
 
Écouter, regarder, sentir, toucher, goûter, percevoir sont des gestes-actes de l’écoute.
 
 
Temps et espace sont indéniablement reliés
 
Les oscillations du temps sont une multiplicité d’évènements, pouvant être distincts
ou pas. C’est une histoire de choix.
Le corps peut suivre cette temporalité. Il la contient.
Écoute par la peau, les os, les articulations, les sens et bien sûr les sentiments et l’imaginaire.
Tout réside dans l’attention portée vers
Le sentiment de l’espace.
Le sentiment de soi
le sentiment de l’entre-soi et l’entre-monde
le sentiment d’être au monde
 
Les bras, jambes, colonne vertébrale, ramifications nerveuses, lignes anatomiques, tels des antennes, captent et transmettent à l’espace dehors
   Organes, liquides, fascias, rythmes veineux artériels cardiaques endocriniens, énergie vitale, accueillent, émettent à leur tour.
Corps de l’instrument, corps du musicien, geste du musicien avec l’instrument, geste du danseur, sont les éléments compositionnels animés reliés à l’espace.
 
L’énergie du geste est lancée.
Trace invisible, audible ou pas.
Le corps se manifeste par l’écoute.
 
 
L’énergie du geste est lancée.
Trace invisible, audible ou pas. Le corps se manifeste par l’écoute.
 
 
 
Le son est un soulèvement,
Le son déplace le corps tout entier, le bouscule, le renverse
 
Le corps vivant est vibrant du temps
Les cellules reconnaissent ça très vite : les rythmes, la pulsation, les battements, les cycles, le phrasé, la musicalité, les intervalles, les nuances, les attaques
C’est inné     physiologique
 
 
 
Nous savons composer avec le temps
 
Le temps nous est donné, l’acte du temps plutôt
Pour combien de temps encore ?
 
 
 
L’écoute des rythmes internes est un battement,
Manifestation de la vie
   Notre présence devient un élément de la partition du monde

le petit dans le grand
le point dans l’immensité
l’immensité en un point
 
 
 

Les lignes du son

Les trajectoires
Les volumes
les perspectives
l’architecture
 
Source – passage – déplacement – traversée – fin d’un cycle – résonance
Ligne de fuite

D’éloignement
   De rapprochement

Les sons dessinent des lignes, verticales, horizontales, obliques, en spirale, en masse, en ondes longitudinales, en flux et reflux
Directions      multi-directions      a-direction
Les gestes aussi.
Danseurs et musiciens peuvent écouter ensemble ces lignes, ces traversées, ces géographies spatiales et temporelles. Ils peuvent aussi regarder ces lignes, les formes du mouvement, les chorégraphies (au sens littéral : écriture du corps dans l’espace), les cartographies des déplacements. Les carto-chorégraphies.
Écouter -voir – en même temps ou pas
Laisser le regard prendre du relief par rapport à l’ouïe, ou l’inverse.
Sentir peut-être que le musicien regarde le geste tandis que le danseur écoute le son, ou l’inverse, ou les deux.
Imaginer aussi, ces lignes sonores et gestuelles prendre corps dans l’espace. Les suivre ou pas.
Jouer alors de l’élasticité de l’espace et du temps.

Élasticité du son

élasticité du geste

Les sons s’amplifient de volume, de masse mouvante, créent des paysages de courbes, de volutes
Des flux d’énergies, des vagues que mon corps peut saisir, et jouer avec
Les gestes ont ces capacités là aussi, et le corps du musicien peut en jouer.
Le son crée des déplacements, se déplace et est déplacé par la présence des corps, des matières, de la lumière, de l’air, du volume de l’espace même, de parois, de l’atmosphère, de vide
 
Trouées d’air          brassage
 
Les sons jouent du vide
Ils s’y faufilent et le remplissent
Les sons ou plus précisément les vibrations du son s’émoussent des vibrations de l’air
 
 
La danse est une manifestation dynamique du vide
 
Les deux s’amusent follement ensemble
De l’espace entre
De l’invisible et de l’éphémère
 
Energie du geste dans l’espace
Traits d’énergie, pas de trace à l’œil nu, visible
Le geste n’apparaît que dans le vide et nait de l’immobilité
Le son n’apparaît que dans le vide et nait du silence
 
Ensemble ils trouvent l’accordage
Ils ne font qu’un
 
Les directions sonores visent le corps, le percutent, le traversent
Corps cible
Enveloppe poreuse de la peau
Le corps est touché
 
Il y a la zone d’impact du son
Puis la dilation, propagation du son en soi
Le son voyage
La vibration du son rencontre la vibration du corps
 
Le son est transporté, transformé dans le corps et par le mouvement du corps, son énergie
 
Le corps dansant modifie les trajectoires
Le corps dansant fait danser les sons, les lignes du son
L’énergie du son rencontre l’énergie du corps
C’est physique
Charnel
 
L’énergie du son, du geste, des mouvements au sens large, modifient l’espace,
touchent les parois, les hauteurs, les volumes de l’espace, transforment l’humeur et
bien sûr en même temps l’espace même touche.
méta-archimorphose
 
 
 :

Textures et matières du son

Textures et matières du corps
 
La chose même
Entrer dans la chose même
le grain
L’énergie moléculaire
 
L’essence du son, l’essence du geste,
L’essence de l’espace entre
 
Être et voyager au travers de la chose même
 
Le processus
Le trajet
le chemin
 
 
Une des responsabilités en tant que créateur de l’instant est de pouvoir contempler ce qui est en train d’être changé, ce qui est en train d’apparaître (et disparaitre), pour participer et composer avec
 
Commence le jeu de l’écoute de l’écoute
 
Composer avec l’ensemble
Et sentir l’acte de créer être presque autonome
Libre de pensées
 `
Détaché
 
 
 
Les sons et les énergies du son, des corps, du geste bousculent l’espace, le transforment comme en même temps, ou parfois alternativement ou encore par effets de résonance, l’espace nous transforme. C’est un aller-retour aussi mais c’est encore un ensemble, une complexité extra-ordinaire de toutes sortes de paramètres.

Conclusion

Nous ne pouvons tout saisir tant les multiplicités sont immenses : architecture, luminosité, zones d’ombre, état du public, disposition des artistes et des auditeurs–spect-acteurs, contexte, température, nombre d’artistes et de spect-acteurs, acoustique, matériaux, sol, hauteur plafond, éclairage, etc…
 
Il y a des choix que nous opérons ; ceux-ci sont aléatoires dans le sens où ils répondent aussi au moment présent et à notre degré d’écoute.
Il y a tout ce qui nous échappe, et qui pourtant font partie de la composition.
Et c’est parce que ça échappe, que nous composons.
Nous ne cherchons pas à trouver ce qui échappe. Surtout pas
et c’est sans doute là toute la rigueur à entretenir pour préserver cette fraîcheur de l’instant, de l’inattendu, de l’irrationnel.
C’est avec ce qui échappe, et ce « ça » qui nous traverse que nous ne voulons rien savoir, rien comprendre.
 
Mais juste, comme un miracle, s’émerveiller à chaque fois.
Ce sont tous ces moments de grâce, d’enchantements, que nous pouvons briller, non pour se faire remarquer
surtout pas
nous tenons à une certaine discrétion
à ces chemins de traverse que nous empruntons, empreintons, sans vouloir non plus laisser de traces mais plutôt à se donner à chaque fois, le plus généreusement possible, à faire confiance à cette force vitale qui nous anime, anime le monde.
À cette beauté précieuse qui réside dans cette merveilleuse aventure
où chaque être vivant est singulier, unique
où chaque singularité devient diversité et richesse de partage
où chaque espace, chaque son , chaque geste constitue un ensemble
né d’un vague désordre
d’un vide immense
d’un chao phénoménal qui a donné vie
à ce que nous sommes.
Et à ce que nous choisissons d’être et de devenir.

5 octobre 2022

 
 
 

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