Transversal : hybride


Une échappée transversale : hybride

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Hybride :

Les pérégrinations transversales peuvent nous mener au caractère hybride de beaucoup de démarches artistiques : un objet hybride ne peut être définitivement catégorisé dans un domaine défini. Depuis longtemps déjà, des artistes ont travaillé sur des formes se situant aux frontières des domaines artistiques : poésie sonore et/ou graphique, théâtre musical, partitions musicales graphiques, sculptures sonores, etc. En créant des objets artistiques hybrides, ils ont tenté de se démarquer de la notion dominante d’autonomie de l’art et de la séparation stricte entre danse, musique, théâtre et arts plastiques. Cette idée d’objet composite inclut tout acte artistique qui mêle de manière entrelacée au moins deux domaines de pensée habituellement séparés Il ne s’agit pas d’une simple superposition de spécialités se combinant dans un spectacle, comme dans l’opéra par exemple, mais bien d’un acte ou d’un objet dont la perception par le public peut être interprétée comme faisant partie d’un domaine ou d’un autre ou des deux à la fois. Pour prendre un exemple, l’idée de typoésie développée par Jérôme Peignot qui combine le caractère visuel de la typographie avec la poésie contenue dans le groupement des lettres, mêlant de manière indissociable le fond et la forme. Cette pratique, très présente dans les mouvements d’avant-garde au vingtième siècle, peut être perçue à la fois comme poésie (texte), arts plastiques (signes distribués dans l’espace) et musique (rythmique des signes éclatés et onomatopées).

Concernant la définition d’hybride, au détour de quelques pages d’internet et de dictionnaires, on peut lire : qui provient d’un croisement naturel ou artificiel de deux variétés différentes (synonyme : mélangé, métis, croisé), et au figuré, qui n’appartient à aucun genre particulier; qui est bizarrement composé d’éléments divers, disparates et surprenants (hétéroclite, composite, bâtard).

Il est possible de qualifier la pratique artistique en général comme un « hybride multiforme de bricolage en contexte ». Des termes comme « pluriel » ou « multiple » pourraient aussi être proposés, mais ces adjectifs sont déjà largement utilisés pour qualifier les « métiers » artistiques, souvent sans se rapprocher des pratiques et manières de faire de tous ceux qui, parfois sans le dire, musiquent, dansent, graphiquent, etc., en bricolant (Claude Levi-Strauss) et en braconnant (Michel de Certeau) allègrement. On peut détailler les pratiques artistiques en six noyaux d’activités différentes, à « distinguer pour mieux relier » (Cette heureuse expression précise le but d’une analyse qui décompose, elle s’inspire des écrits d’Edgar Morin et d’Edouard Glissant) : création, performance, médiation-formation, recherche, administration, technique-lutherie. Il n’existe pas de frontière entre elles, elles s’étendent en continu dans des lisières d’entrecroisement, elles sont mouvantes et se superposent très souvent. Et notre hypothèse est que chaque pratique artistique s’hybride parmi toutes les variétés d’interactions. Et tout cela, couramment en revendiquant une façon jubilatoire de procéder !

Contributions du collectif PaaLabRes — 2015

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