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Itinéraire entre "Apples" et "Pressure/La Mer"

Alexander Ness, les compositions

(La durée totale des cinq compositions audiovisuelles est à peu près de vingt-cinq minutes. Dans le cadre de cette contribution, j’ai choisi de partager la première et la dernière des compositions de cette série : Pressure et La Mer.)

Pressure

Pour élaborer les sons de cette pièce, Yoni et moi nous avons construit des objets bruitistes à partir de cônes de haut-parleur en papier raccordés à des amplis à bas prix, qui à leur tour étaient connectés à un câble sans prise de terre. En touchant le bout du câble, nous avons été capables de produire un vilain bruit de ronflement.

Pressure est l’illustration d’une relation linéaire entre les paramètres visuels et sonores. Les instructions pour l’interprétation de la partition animée se présentent à peu près comme suit :

  • Mettre une pression sur le cône du haut-parleur ; varier la pression par rapport à la position du bord de la figure rouge au moment de l’apparition du signal bleu.
  • Plus le bord de la figure est haut au moment du signal, plus il faut presser fort.
  • Si le bord de la figure touche le sommet du signal, presser le plus fort possible. S’il touche la base du signal, ne pas exercer du tout de pression.

L’épaisseur du son imite l’épaisseur de la figure rouge, parce que la pression filtre les fréquences les plus basses. Le contenu du bruit est improvisé ; l’effet visuel d’accordéon est superflu.

 

Christopher Williams

12 sérigraphies de Corita Kent sont incorporées dans la partition, définissant 10 sections mesurées d’improvisation “free”. Leurs textes, couleurs, forces directionnelles et humour compositionnel influencent l’évolution de ces moments individuels, comme le font aussi 10 sections corrélatives de matériaux notés de façon stricte. Ces sections “complètement composées” (chacune dans un accordage différent des instruments) ont pour fonction de servir de modèles pour les démarches improvisées des musiciennes ou pour les cristalliser tout au long de la pièce.

 

Alexander Ness

La Mer

La Mer est une variation lunatique déformée de Pressure. Pour les sons de cette pièce, Yoni et moi avons trempé un microphone de contact dans un récipient d’eau, dans lequel nous avons jeté des cachets d’Alka-Selzer. En même temps que les sons amplifiés du pétillement des cachets d’Alka-Selzer, il y a des bruits de plic ou de ploc intermittents produits par une guitare électrique.

Ainsi, les paramètres incluent ce qui suit :

  • Position des bulles-calamars au signal rouge ;
  • La vitesse, la densité, l’irrégularité et la couleur de bulles-calamars ;
  • Degré de présence du “fizz” (changements discrets de la forme des bulles-calamars et de la couleur).

La relation entre ces deux séries de paramètres reste du domaine de la suggestion, sans jamais établir une correspondance simple et claire.

 

Christopher Williams

La partition est organisée en 10 sections, chacune étant composée d’une image et d’un postlude de musique écrite. Prière de les jouer dans l’ordre donné.

Images – Improvisation

Chaque image a pour fonction d’être un point de départ pour une improvisation “free” d’une durée spécifique. Tous les éléments d’une image donnée peuvent être considérés comme relevant de leur fonction évocatrice / provocatrice : texte (présence physique, perspective de l’orateur, ton de la voix, sujet traité), couleur (densité, luminosité, combinaisons au sein d’une seule image, continuité et ruptures entre les images successives), icônes (flèches, signes), et al. Bien que les images doivent être étudiées et soigneusement considérées auparavant, les interprètes ne doivent pas trop réfléchir à elles pendant la performance. Une improvisation véritable doit primer, et tout ce qui peut paraître de l’ordre de la démonstration, ou du “composé” sonore, doit généralement être évité.

Chaque improvisation a une durée prescrite, indiquée dans les coins en bas des pages adjacentes de la musique écrite. Ces durées (entre 0“ et 80“) ne doivent pas, comme les images, être considérées comme des impositions. Elles doivent être présentes comme des espaces imaginaires – des macro-rythmes – à l’intérieur desquels le contenu prendra sa forme sans être prescrit… Prière de ne pas utiliser d’horloges !

 

 

Itinéraire entre "Aifoon" et "Pressure/La Mer"

Alex Ness :
En 2010, Yoni Niv et moi avons créé une série de cinq partitions animées pour une performance à The Stone à New York (en octobre). Dès le début, nous nous sommes intéressés aux relations audiovisuelles. Bien que la partie vidéo et la partie audio aient été élaborées de concert, notre intérêt n’était pas de réaliser que l’une soit le reflet parfait de l’autre ; au contraire, nous avons voulu que leur relation puisse changer en cours de route, en devenant plus souple au fur et à mesure du développement de la pièce. En effet, une partie du plaisir éprouvé lors de l’élaboration de la pièce a été d’exploiter les attentes du public dans ce domaine : nous avons voulu qu’il continue à se demander quelle était la nature des relations qu’ils pouvaient observer.

 

Alex Ness : Le désir humain d’établir des relations entre les sons et les images – pour qu’elles

Jürgen De Blonde : L’utilisation de partitions graphiques dans la pratique

soient en quelque sorte “alignées” – est profond, en particulier quand l’image est considérée

quotidienne de Aifoon nous a amené à comprendre beaucoup mieux la nature de la

comme étant une partition. Après la deuxième performance de ces compositions, j’ai eu une

représentation graphique. Nous avons découvert qu’il y a de certaines similarités

conversation avec une amie du public qui m’a décrit avoir eu un sentiment de malaise lorsque

dans la construction, la lecture et la compréhension de ces dessins et qu’ils soulevaient

les relations audiovisuelles sont devenues plus floues. (C’était une compositrice, et donc

aussi un certain nombre de questions. Nous avons été amené à comprendre qu’il y a

particulièrement susceptible de détecter nos stratagèmes !)

des ‘règles’ implicites ou des conventions qui conduisent par elles-mêmes plus facilement à des généralisations et à d’autres aspects qui sont complètement subjectifs.

 

Jürgen De Blonde :
Cette vidéo a été réalisée il y a huit ans. Il s’agit d’une pièce qui a été jouée à la soirée d’ouverture d’une exposition sur les travaux et la philosophie de “Aifoon”, une organisation artistique et éducative. Les musiciens étaient invités à interpréter une partition graphique en vidéo. On leur a montré les symboles graphiques sur un écran. Le public présent avait aussi cette partition devant leurs yeux.