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Itinéraire entre "Unbearable Lightness" et "Yantra"

David Samas
The Yantra in Slendro

Le plateau de jeu est encadré par la ligne du gong — dont les hauteurs sont notées à l’intérieur des pétales de la partition en utilisant une notation chiffrée — et son jeu est déterminé par les coups de Gong Ageng (6). Celui qui joue le Gong assure le tempo et signale la conclusion du jeu.

Carl Bergstroem- Nielsen

Towards an Unbearable Lightness (1992) [Vers l’Insoutenable Légèreté] a été écrit pour un ensemble de n’importe quels instruments ou voix capables de produire des sons “sombres et lourds” et aussi bien des sons “légers”. Il doit y avoir un développement graduel entre le premier type de sons et le second, et en conséquence les musiciens devront se tenir proche les uns des autres à tous moments, même si leurs contributions restent individuelles. Les images graphiques et des instructions verbales suggèrent comment ceci peut être réalisé et définissent les étapes de ce développement, et il y a une pause générale en vue d’aider à la coordination du groupe.

Le but de ce jeu est de se déplacer d’un coin à un autre des zones de hauteurs dans le “yantra”. Il est nécessaire d’avoir un Bonang pour jouer l’extrémité inférieure du yantra. On peut aussi utiliser le Kenong et le Kempul. Aucune des hauteurs ne doit être étouffée.

Le titre fait une vague référence à un roman de Milan Kundera. Le long développement linéaire du timbre a constitué l’idée de base.

Laisser vibrer complètement les hauteurs. Prendre son temps.

Chaque interprète doit tenter d’entrer dans une transe et de se mettre dans une écoute profonde. Et maintenant encore plus profondément. S’immerger ensemble dans le son et devenir l’image vibratoire de la partition.

Dans l’enregistrement on devrait pouvoir entendre clairement à la fois le développement total, des détails et les différentes étapes de la pièce. Cet enregistrement a été réalisé en 2013 avec l’Ensemble Supermusique de Montréal, Canada, lors d’un atelier public organisé par l’ensemble.

 

 

Itinéraire entre "London" et "Unbearable Lightness"

 

Carl Bergstrœm-Nielsen

La spécificité de la tradition musicale occidentale se caractérise par le fait que la musique est écrite. Après 1945, des formes non-traditionnelles ont émergé, sur fond de changements dans la culture, la société, les croyances et les styles de vie. La “Notation graphique” est juste un concept parmi d’autres – certaines notations se présentent comme des dessins, mais il existe aussi de nombreux types de signes, de mises en page et d’utilisations d’expressions verbales.

 

Guillaume Dussably

La notion d’interprétation d’une partition au synthétiseur modulaire m’a beaucoup questionné, j’ai donc choisi sur le principe des musiques génératives synthétiques des années 60 de côte ouest des Etats-Unis (Morton Subotnick, Don Buchla) de laisser une grande part de « l’interprétation » à la machine elle même, en intervenant le moins possible.

Mon travail sur l’élaboration de patch génératif a commencé en attribuant aléatoirement à mes différents points de patch (connectiques) de chaque module un nom de station de métro et en tirant au sort les itinéraires pour ensuite relier mes modules les uns aux autres, et je ne m’autorisais de modification de paramètre manuel (sur l’un des modules) que lorsqu’il y avait des changements de ligne de métro, en suivant du doigt les trajets sur un temps d’environ cinq minutes.

Cette façon de procéder (totalement nouvelle pour moi) m’a vraiment permis de redécouvrir mon instrument, chaque module prenait (pour chaque patch) une fonction tout à fait différente de celle prévue initialement par les constructeurs (un module prévu initialement pour faire de la modulation  devenait par exemple un générateur de sons du fait des routing/chemins entre les modules peu communs).

 

Carl Bergstrœm-Nielsen

Dans la littérature portant sur les nouvelles notations, on peut trouver de nombreux types d’énoncé : des présentations, des exposés promotionnels, des débats, des élaborations historiques, des théories, de la philosophie, des liens avec la pratique. Afin de réduire l’immense complexité induite par la contemplation d’une bibliothèque dans sa totalité, la bibliographie présente des synthèses plus longues que les titres, mais qui évitent de raconter toute l’histoire, en essayant de capturer certains de leurs aspects essentiels et les mots-clés qui les caractérisent, qui sont susceptibles de faciliter le périple du chercheur.

 

 

La Documentation des nouvelles notations – Carl Bergstrœm-Nielsen

English text


 

La spécificité de la tradition musicale occidentale se caractérise par le fait que la musique est écrite sur une partition. Après 1945, des formes non-traditionnelles ont émergé, sur fond de changements dans la culture, la société, les croyances et les styles de vie. La “Notation graphique” est juste un concept parmi d’autres – certaines notations se présentent comme des dessins, mais il existe aussi de nombreux types de signes, de mises en page et d’utilisations d’expressions verbales.

Les bibliographies que j’ai pu accumuler à l’IIMA, International Improvised Music Archive, ont pour but de dresser une cartographie de la documentation de ce territoire, parmi d’autres ayant une relation avec l’improvisation. Le titre complet est “Pratique de l’improvisation expérimentale et notation”. Il s’agit d’une “bibliographie annotée”, et il existe à la fois un volume couvrant la période 1945-1999 et un volume sur la période suivante jusqu’à nos jours. À l’heure qu’il est, il y a plus de 115 saisies de document avec des résumés de leurs contenus. Cependant, ce nombre n’inclut pas les éditions publiées des œuvres, et aussi les collections d’éditeurs sur cette thématique et les anthologies.

Voir le site :
http://www.intuitivemusic.dk/iima/legno1uk.htm

Dans l’ensemble, les universités et leurs institutions voisines sont à l’origine de la recherche et de l’activité de publication, mais il convient de noter que dans beaucoup de cas le chercheur est aussi un compositeur ou un musicien en activité. Dans les années 1960, beaucoup d’œuvres ont été publiées dans un format papier à la fois en Europe et aux USA par des maisons d’édition commerciales multinationales – citons Stockhausen, Wolff et Cage, parmi tous ceux qui ont obtenu leur notoriété de cette manière. Plus récemment, le livre de Sauer, Notations 21, a mis en évidence l’intérêt que les compositeurs portent de nouveau à ces pratiques. Dans ma méthode pour référencer la bibliographie, cet ouvrage apparaît comme suit : Sauer (2009;E1) – E1 fait référence dans ce système à la catégorie des ouvrages généraux sur les nouvelles notations. Les expositions de nouvelles notations ont sans cesse été organisées depuis les années 1970 – plus de soixante ont été jusqu’à maintenant détectées et listées, certaines accompagnées de leurs catalogues (voir la catégorie K).

L’ouvrage de Cox (2008+2010;E1) offre une perspective historique : la notation a d’abord fonctionné comme un supplément à une tradition principalement orale en tant qu’aide mnémonique, comme dans les neumes du chant grégorien – plus tard la fonction de la notation est devenue un moyen de fabriquer un produit capable de circuler par le biais d’un marché. Puis, après l’invention de la reproduction mécanique, la notation standardisée n’a plus été le seul moyen de documenter la musique. C’est dans ce cadre que les compositeurs ont pu se sentir plus libre d’utiliser la notation pour rendre l’idée de l’œuvre plus limpide, tout en laissant le détail de la documentation de la performance aux médias électroniques et, pourrait-on ajouter, en laissant la production du détail de l’œuvre à l’interprète. Par la suite, déclare plus loin Cox, les technologies numériques et Internet ont facilité le partage de l’information, et aussi les échanges entre les domaines artistiques.

En consultant non seulement des éditions et des anthologies d’œuvres intégrales, mais aussi un nombre d’articles et de traités historiques, il est assez facile de prendre connaissance d’un grand nombre de différents types de nouvelles notations à l’aide d’extraits. Brindle (1986;H1) est un livre généraliste sur l’histoire de la musique contemporaine occidentale avec de nombreuses illustrations. Les deux ouvrages de Bosseur (1979;H1) + (2005;E1) présentent des objectifs similaires – le premier est un livre d’histoire de la musique, le second est consacré à la notation et apporte un supplément direct au premier. Il présente des exemples par ordre croissant d’ouverture. L’ouvrage de Karkoshka (1966;E1) et sa traduction anglaise (1972;E1) est un livre sur les notations – avec l’intérêt particulier de la présence, dans la dernière partie du livre, d’œuvres présentées dans leur intégralité.

Sauer (2009;E1) a déjà été mentionné comme une étude récente sur la production contemporaine dans ce domaine. Storesund (2016;G3.1) constitue une réflexion sur l’état avancé du développement du champ des œuvres ouvertes utilisant les nouvelles notations : l’accent est mis constamment sur la manière de réaliser de telles œuvres, qui requièrent la mise en place d’une pratique musicale plus tournée vers la co-créativité que celle utilisée traditionnellement. À partir des années 1990, l’improvisation est entrée de plus en plus dans les programmes d’études des conservatoires, et ainsi l’attention portée sur les œuvres qui utilisent des notations non traditionnelles en a été renouvelée. Le livre met à la disposition de tous les musiciens intéressés des informations internes aux pratiques et peut aussi servir de base pour l’enseignement. Un certain nombre d’“études de cas” aborde les défis et les dilemmes auxquels, dans neuf œuvres différentes, il faut faire face en tant que musicien interprète. Pour cinq de ces pièces, tous les matériels de jeu nécessaires sont mis à disposition, et parmi les compositeurs, il y a des “classiques” des années 1950, et aussi trois pièces écrites après 2000.

Un nombre considérable d’écrits décrivent certaines œuvres ou des compositeurs très connus. December 52 de Earle Brown est en tête de la liste. La grande collection de partitions graphiques, Treatise de Cardew est fréquemment jouée. Christian Wolff occupe un statut spécial avec son introduction de systèmes de répliques centrées sur l’interaction des interprètes. Avec la progression de la pratique de l’improvisation qui a suivie, cette idée est apparue comme une découverte novatrice. À peu près deux décades plus tard, le jeune Zorn a repris cet aspect dans ses pièces des années 1980 basées sur des jeux encore aujourd’hui fort appréciées.

À l’évidence, le domaine commun entre les arts plastiques et la notation musicale a aussi ses auteurs consacrés. Buj (2014;E1) s’est consacré à établir les rapports entre les deux mondes, dans une investigation sur l’importance des formes circulaires dans les notations graphiques.

Dans la littérature sur les nouvelles notations, on peut trouver de nombreux types d’énoncé : des présentations, des exposés promotionnels, des débats, des élaborations historiques, des théories, de la philosophie, des liens avec la pratique. Afin de réduire l’immense complexité induite par la contemplation d’une bibliothèque dans sa totalité, la bibliographie présente des synthèses plus longues que les titres, mais qui évitent de présenter le contenu intégral des ouvrages, en essayant de capturer certains de leurs aspects essentiels et les mots-clés qui les caractérisent, tout ce qui est susceptible de faciliter le périple du chercheur.